Une bande dessinée sur Amy Winehouse. Mieux : un remarquable documentaire, un fil rouge scénaristique qui tient la marée et une grande diversité graphique : c'est toute la richesse de ce nouveau Docu BD des éditions petit à petit. La chanteuse de Frank, Back to BLack et Rehab, méritait ce livre pour mieux la comprendre. Loin des clichés vomitifs véhiculés par les torchons anglais.
Au départ, il y a une voix. Un timbre à nulle autre pareil qui résonne dans le modeste appartement londonien des Winehouse, mais aussi dans les salles de classe où la jeune Amy n'usera pas longtemps ses fonds de culotte. Au départ, il y a aussi l'influence d'un père bien-aimé, Mitch, crooneur à ses heures perdues et grand amateur de jazz dont l'incontournable Frank Sinatra qui donnera son nom au premier album d'Amy.
Amy Winehouse en BD © Petit à petit
Ensuite, il y a l'indépendance et la liberté précoce, adolescente. L'amitié, la découverte de l'amour, de l'herbe et de Camden, qui deviendra son quartier : une statue à son effigie y rappelle sa présence, depuis 2014. Et l'explosion musicale sur la scène mondiale : la Terre ne semble pas assez grande pour accueillir le talent d'Amy Winehouse.
Ensuite, malheureusement, il y a cet immense gâchis. L'amour inconditionnel d'Amy pour ce satané Blake, un toxicomane à la petite semaine pour lequel elle se fait refaire tout le corps et fout littéralement sa vie en l'air. Mais les addictions aux toxiques, alcool et drogues dures en tous genres, ne demandaient qu'à se libérer depuis l'enfance pour prendre possession d'Amy Winehouse : le traumatisme du père qui quitte sa mère, la boulimie, sa différence avec les autres... L'artiste était une grenade, prête à être dégoupillée.
Enfin, il y a le point de non-retour. Trop de merdes dans le corps, trop de merdes dans la tête à cause de Blake et des abominables tabloïds anglais dont le seul objectif, minable, est de faire du fric avec la part d'ombre des gens connus, les « putes à clic » de l'époque.
Enfin, et surtout, il y a ces trois albums portés par cette voix extraordinaire, cette alchimie du rythme et ce look à faire pâlir la plus rockabilly des pin-up d'hier et d'aujourd'hui, des années 1950 aux années 2000.
Amy Winehouse en BD © Petit à petit
Enfin, près de treize ans après sa mort, le 23 juillet 2011 à Camden, il y a ce remarquable travail proposé par les éditions petit à petit dans leur collection Docu BD, qui a largement fait ses preuves au fil d'un catalogue désormais dodu. Que ce soit le solide boulot au scénario de Tony Lourenço, la précision et la fluidité de lecture des documentaires d'Elsa Gambin ou la diversité graphique (avec du bon et du moins bon, mais la force du collectif l'emporte) de l'écurie de dessinateurs : tout est réuni pour rendre à la chanteuse légendaire le plus bel hommage qui soit. Peut-être qu'elle le lira, quelque part dans le club des 27 où elle a rejoint Jim Morrison, Kurt Cobain, Jimi Hendrix, Janis Joplin... 27 ans, c'est trop jeune pour mourir. Mais pour certains, les 27 premières années ont parfois compté double, voire triple tant ils ont brûlé l'intensité de l'existence.
Aujourd'hui, Amy « Hurricane » (ouragan), comme la surnommait sa mère, n'est plus. Vive Amy. Paix à son âme. Et vive la soul.
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