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Les Dormants s’éveillent à nouveau

Les Dormants, un projet au long cours…

A l'occasion de la réédition des Dormants, Jonathan Munoz nous raconte les nombreux rebondissements de ce projet. Retour sur une BD qui a vécu de sacrées aventures !

Comment sont nés Les Dormants ?
Dorine, la Belle au bois dormant inversée...

Dorine, la Belle au bois dormant inversée...

Au début, c’était mon projet d’école. Alors que je cherchais un sujet assis sur le canapé, mon frère m’a soufflé d’écrire l’histoire d’une fille aux cheveux en or que tout le monde voudrait couper pour avoir de l’argent. C’était plutôt nul, mais en réfléchissant, ça a dérivé sur l’histoire d’une fille qui faisait dormir. Cette histoire n’a finalement pas vu le jour pour le projet de l’école mais elle est restée dans ma tête. A force de la réécrire, je l’ai présenté des années plus tard comme projet de fin de diplôme à l’école Emile Cohl. J’avais fait 8 pages couleurs des Dormants que j’ai montrées à plein d’éditeurs une fois diplômé.

Ce projet m’a fait rencontrer le directeur de Physalis qui a bien aimé mon trait et m’a donc fait travaillé sur Un Léger Bruit dans le moteur. Et à la fin de ce projet, j’ai recommencé Les Dormants que j’ai présenté à un autre éditeur. Physalis, qui voulait aussi absolument ce projet, a pu le récupérer quand cet éditeur a fermé.

De quoi est née la dégaine des deux personnages principaux ?
Julie, héroïne d'Yslaire dans les Sambre

Julie, héroïne d'Yslaire dans les Sambre

J’ai fait des cahiers entiers de recherche sur 3-4 ans. Jean a tout de suite été roux, d’une part parce que ça ressort mieux à l’image et d’autre part je suis fan d’Yslaire, dont les Sambre m’ont beaucoup marqué. Donc du rouge des Sambre aux cheveux roux de Jean, il n’y avait qu’un pas.

Quant à Dorine, au début, je la voyais blonde. Mais comme je la voulais plus « sorcière », je l’ai transformée en brune, car pour moi les sorcières sont plutôt brunes !

Jean, le héros des Dormants, roux et paumé...

Jean, le héros roux et paumé...

Et comment s’est créé le ton des Dormants ?

Au début, le ton de l’ensemble était plus comique puis il est devenu carrément tragique et enfin j’en ai fait un mix des deux. Quand j’ai repris Les Dormants après Un Léger Bruit dans le moteur, l’album que je venais de faire a nourri mon travail.

J’ai quasiment le même graphisme dans les deux albums, même si dans Un Léger Bruit dans le moteur, il est plus charbonneux et dans Les Dormants mon trait est plus délicat. Bizarrement pour Un Léger Bruit dans le moteur, je n’ai quasiment fait aucune recherche alors que Les Dormants m’ont pris des années, comme l’un s’était nourri de l’autre. Maintenant j’essaie de tester d’autres choses pour changer de style.


Un questionnement constant

La réédition a été l’occasion de faire des changements ?

J’en ai profité pour corriger quelques erreurs de phrasé dans l’album et ajouter des planches pour expliquer certains côtés obscurs qui n’avaient pas été compris par le public. J’ai gardé tout le non-dit, mais j’ai mis plusieurs indications notamment temporelles pour que ce soit plus compréhensible. J’ai aussi rajouté quelques pages et le cahier graphique, qui comprend plusieurs années de recherche.

L’épilogue est devenu un prologue à ce moment-là ?

Oui, dans la première version, le livre se terminait sur un épilogue. Là, j’ai transformé l’épilogue en prologue. Bien sûr de manière littéraire ça ne se fait pas du tout, mais je l’ai appelé comme ça pour aider à la compréhension.

Dans le prologue, c'est Dorine de dormir...

Dans le prologue, c'est à Dorine de dormir...

Dans l’histoire, la fin en noir et blanc se déroule au tout début mais comme elle s’appelait épilogue, de nombreuses personnes pensaient que ce moment se déroulait bien après. D’où mon changement. J’ai vraiment essayé de marier subtilité et compréhension : je flèche le parcours et le lecteur doit faire le dernier pas pour saisir l’histoire…

La nouvelle couverture est née comment ?
La proposition de couverture

La première couverture des Dormants

Comme on le voit dans le cahier graphique, j’ai fait plein d’essais. Je voulais que Jean soit inquiétant mais sans révéler l’histoire. Il y a eu une première proposition de couverture qui a été validée tout de suite : celle où on voit Jean et Dorine sur un tas de personnages. Normalement je ne suis pas du genre à recommencer ce qui a été validé, mais cette couverture ne me plaisait pas car les personnages sous les héros avaient l’air morts.

J’ai donc proposé la couverture blanche, malgré un grand nombre de réticences. Quand elle est sortie, j’ai eu deux sons de cloche : ceux qui aimaient et ceux qui détestaient. Comme quoi on n’a pas totalement tort ou raison. Mais comme je pense qu’on est dans le vrai quand on fait quelque chose qui nous correspond, je suis très heureux de cette couverture.

Et les projets à venir ?

J’ai fait des illustrations pour Aaarg ! et j’ai 10 projets proposés mais je ne sais pas si certains seront validés. Mon gros problème, c’est la couleur. Tout le monde m’en demande, donc je dois m’y mettre à chaque fois.

En ce moment, je travaille sur un jeu de société. Blaise Müller, le créateur de Quarto, a créé ce nouveau jeu, une sorte de Memory amélioré avec des écureuils qui essaient de retrouver des noisettes. Ce travail m’a forcé à trouver une autre manière de dessiner et m’a poussé à trouver quelque chose qui, graphiquement, est agréable au niveau de la couleur. Au début ce que je faisais en couleur était trop chargé, maintenant elle devient plus suggestive.

Mettre de l’ocre partout, c’est ta petite vengeance pour toutes les fois où on te dit de mettre de la couleur ?

Oui ! [rires] Et en même temps, j’adore les vieux dessins, les croquis de Dürer, le papier usé qui ressemble au parchemin, le côté croquis finalisé, d’où mon amour pour l’ocre.

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