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Un petit peuple qui suivait un grand homme

Un petit peuple qui suivait un grand homme.

Philippe Eudeline est un dessinateur passionné d’histoire et d’uniformes. Après trois albums consacrés aux Oubliés de l’Empire, ces soldats quelconques, sans grades, qui pourtant ont écrit l'histoire, il récidive avec son acolyte Pascal Davoz, en se plongeant cette fois dans les eaux glacées de la Bérézina...

Comment avez-vous commencé à travailler sur ce projet ?

Philippe Eudeline : Le hasard ! J’ai rencontré un scénariste et les éditions Joker sur un salon BD, grâce à une connaissance commune. On a fait une réunion et mon dessin a plu a Dimitri, qui voulait lancer une série sur le Premier Empire, Les Oubliés de l’Empire. Et donc maintenant, je dessine une nouvelle série sur cette même période historique, La Gloire des Aigles avec Pascal Davoz au scénario !

Pourquoi cet attrait pour l’époque napoléonienne ?

C’est une passion d’enfance. Je travaillais dans la pub avant, déjà en tant que dessinateur. Je me suis dit « pourquoi ne pas dessiner quelque chose qui me plaît ? ». C’est une période que j’aime pour le faste des uniformes, la France qui développe ses idéaux révolutionnaires, etc.

Ce que je cherche à montrer, c’est un peu sa face cachée : les souffrances des soldats, ce qu’ils ont pu endurer sur le front, leurs souffrances. Le quotidien des sans-grade en somme. Un regard historique proche des individus, le quotidien d’un petit peuple qui a suivit un grand homme, pour son plus grand malheur.


Comment avez-vous travaillé l’aspect visuel des personnages ?

J’ai fait beaucoup de recherches iconographiques. À cette époque, il n’y avait pas que des soldats dans la colonne, il y avait parfois des familles, et donc des enfants. Des enfants de soldats mais aussi des enfants de la troupe, adoptés. Ces enfants étaient sur les champs de bataille : ils étaient tambour et rythmaient l’avancée de la troupe.

Pour le personnage de Fifi, je me suis inspiré de gravures d’époque, mais je l’ai légèrement embellie. Quand au père, j’ai fait le choix de ne pas le montrer : il est blessé et transporté en roulotte dont il ne sort pas. Son rôle dans l'histoire n’est pas majeur et ne jamais montrer son visage me permettait d’en faire peut être une parabole du soldat inconnu.

Avez-vous eu des sources d’inspirations particulières pour certains éléments de l'histoire?

Nous avons surtout travaillé à partir de mémoires de soldats ! On essaie d’ailleurs d’insérer dans chaque histoire des faits réels tirés de ces mémoires. Par exemple, dans l’album sur l’Espagne, le passage où des soldats sont capturés par des guerilleros provient d’un extrait des mémoires du baron Lejeune.

On s’est surtout attachés à respecter l’ordre chronologique des événements et les dates. Nous avons par exemple intégré un lieutenant polonais qui a vraiment existé, et qui était présent avec certitude à cet endroit de la Bérézina au moment de ce récit.

Bien sût, nous avons aussi extrapolé et romancé : je ne pense pas qu’un enfant de 10 ans aurait pu survivre dans les conditions que nous décrivons.

Pourquoi avoir choisi de commencer le récit au moment de la Bérézina ?

Nous étions attirés par le côté tragique et grandiose de la campagne de Russie, mais nous ne voulions pas non plus la raconter en intégralité. On entend souvent que la Bérézina était un désastre, mais c’était paradoxalement une victoire. Napoléon, encerclé par des dizaines de milliers de cosaques a tout de même réussi à sauver une bonne partie de son armée.

Je travaille actuellement sur le deuxième tome, sur la fin de la campagne de Russie et vous pouvez normalement deviner où tout cela pourra finir si vous lisez la fin du tome 1 !

Quels projets pour l’avenir ?

J’aimerais continuer sur la BD historique, mais peut-être changer de période : je m’intéresse aussi au Moyen-Âge et à la Renaissance, j’aimerais un jour me pencher sur ses périodes en BD.

Je trouve que la BD c’est un autre moyen d’aborder l’histoire pour les nouvelles générations. Faire connaître les grands moments de l’histoire en BD ça m’intéresse !

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