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Valérie Mangin chez les prédateurs de Londres…

Un nouveau souffle dans la série d’horreur

Pourquoi prendre un point de vue enfantin dans une réalité aussi dure ?

Club des prédateurs T.1

Parce que justement ce sont les victimes par excellence ! Souvent on se place du point de vue du prédateur parce qu’il est intelligent, fascinant… Mais les victimes peuvent être aussi intéressantes que leurs bourreaux ! Ici le récit est ramené à leur niveau, ce sont elles qui souffrent et qui doivent être eu cœur des préoccupations.

Le point de vue des enfants correspondait à l’ambiance un peu irréelle recherchée. Ils n’ont pas encore compris la réalité des choses, croient encore au merveilleux... Pour eux, un criminel est nécessairement sorti d’un conte de fées ! Il y d'ailleurs beaucoup de référence aux contes : les animaux, Liz la princesse et Jack le ramoneur, Peter et ses frères qui ressemblent à la famille du Petit Poucet... Ce merveilleux tempère la réalité dramatique qu’ils vivent au quotidien. Et le jour où ils seront confrontés à cette réalité, où l’on sortira du conte, ce sera d’autant plus choquant !

Elizabeth et Jack restent des personnages réalistes. La révolte de Jack est inventée mais j’imagine qu’elle devait exister. Les adolescents qui subissaient son type de vie ne restaient pas tous stoïques mais ils étaient impuissants, personne ne faisait attention à eux… au mieux !

En regard de ces enfants, comment avez-vous créé les personnages adultes, particulièrement les prédateurs ?

Je les voulais effrayants car ce qu’ils font l’est ! En même temps, ils ne sont pas des surhommes, ce que les tueurs en série incarnent souvent, mais au contraire ils pourraient être n’importe qui. Charles est un bon père, mais cela ne l’empêche pas de maltraiter les autres. Quand je lis des chroniques judiciaires, l’aspect normal de la vie des meurtriers me fascine ! Ils ont une famille, un travail, font des barbecues avec leurs voisins… et, à un certain moment, ils tuent.

Qu’en est-il des choix graphiques ?

Steven s’est beaucoup documenté. Il s’est inspiré des gravures et des bâtiments existants. En dessinant, il s’est aussi beaucoup amusé avec les voitures ! Pour ma part, je voulais un dessin semi-réaliste, un trait rond, pour aider le lecteur à avoir du recul par rapport à la dureté de l’histoire.

Club des prédateurs T.1

La misère londonienne traitée de manière uniquement réaliste aurait pu être sordide du début à la fin, et on se serait peut-être moins attaché aux protagonistes. J’ai beaucoup aimé la scène sur les toits car c’est aussi ça l’univers enfantin. Qu’importe où ils vivent, ils gardent ces bouffées d’air frais vers un autre monde, idéal et bienveillant avec eux.

Comment retourne-t-on à des projets personnels quand on a travaillé sur des reprises d’univers très connu comme Alix ou Kaamelott ?

Je pense que travailler sur l’univers de quelqu’un d’autre m’a fait réfléchir à ma pratique globale de la bande dessinée et à me confronter au style d’un grand maître. Mais pour Le Club des Prédateurs, l’ambiance et le public sans doute, sont tellement différents d’Alix que je ne pense pas que l’un des univers ait pu interférer sur l’autre.

Il est vrai que le cadre historique est un point commun… mais c’est comme tout ce que je fais en bande dessinée. Avec ma formation d’historienne, quand je pense un projet BD, c’est immédiatement dans un cadre histoique précis ! Ce n’est même pas une question pour moi !

Club des prédateurs T.1

Comment la lutte des enfants et des prédateurs va-t-elle évoluer ?

Les enfants vont réagir bien sûr ! Mais les autres ne vont pas se laisser faire ! Mais c’est une autre histoire… La série sera en deux tomes, et le prochain tome sera dans un an ! Normalement !

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Commentaires (2)

Une construction de la part de Valerie Mangin très documentée historiquement et littérairement ! A découvrir

Le 06/02/2016 à 14h50

Excellent.

Le 06/02/2016 à 10h42