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Un jambon d’épaule tout en légèreté

La douleur, moteur de l’humour

Comment avez-vous agencé ce carnet bord de la capsulite ?

On n’a jamais raisonné en cases ou en strips mais en séquences. Il n’y a jamais eu de cases à proprement parler car Fanny n’aime pas y enfermer son dessin : les séquences respirent par ce biais. D’ailleurs on a aussi tenu à garder les moments de respiration où Rita flâne dans la ville.

Paris, le remède...

Paris, le remède...

Quand on a fini les 73 planches, on les a étalées pour y ordonner les saisons et en changer certains titres. Il me paraissait intéressant de marquer le temps qui s’écoule « en capsulite » : la période de douleur aiguë est terrible, étalée sur cinq mois pour moi. Lorsqu’on souffre, cette période semble interminable. Une fois qu’on a moins mal, on commence la période de récupération physique, qui dure aussi plusieurs mois jusqu’à une récupération basique.

Ensuite le temps s’accélère avec la récupération de plus en plus rapide : il fallait indiquer ce rythme. En creux, il y a ce message d’espoir : « Quoi qu’on fasse, la douleur s’en va peu à peu. »

La douleur intense fut-elle plus difficile à retranscrire en gag ?

Finalement non ! Elle prend bien un tiers du livre, le peuplant de monstres qui la symbolisent et de moments comiques sur l’impossibilité de trouver une position confortable. Ca fourmille de tas de façons de l’illustrer, il fallait juste trouver les angles pour la voir.

La première douleur

La première douleur

Pourquoi représenter la douleur elle-même avec tant de lames ?

Quand Rita ouvre les bras à la piscine et que la douleur se plante comme un couteau dans son épaule, c’est exactement ce que j’ai vécu ! J’avais donné à Fanny comme instruction de donner une échelle de la douleur, avec des sabres, des aiguilles, des flèches… Elle a créé quelque chose de très explicite !

Tu as d’ailleurs inséré quelques pages d’explications médicales sur ce qu’est la capsulite…

Comme la capsulite est une maladie idiopathique, c’est à dire qu’on ne connaît pas sa cause, il me semblait important que sur 80 pages, il y en ait deux qui donnent des informations. Une sorte de service minimum pour les gens qui ont une capsulite naissante et tombent sur ce livre.

Rita et l'explication de la capsulite

Rita et l'explication de la capsulite

Plein de gens sont touchés entre 48 et 55 ans, surtout des femmes : cette maladie n’est pas grave mais elle entraîne une douleur sur plusieurs mois et finalement on laisse les gens se débrouiller avec elle. Il fallait quelques explications, en écho à tout le parcours médical de Rita qui essaie mille choses, histoire de penser à autre chose, d’éviter de rester seule avec sa douleur.

Il y a beaucoup de trouvailles graphiques comme la discussion sur post-it…

Les discussions avec mes amies existaient : Fanny a réussi à faire basculer ces échanges verbaux vers un échange sous forme de correspondance avec des dessins très simples. J’ai aussi apprécié sa combinaison de différents modes d’expression : la BD, les Post-it, une pleine page de texte ou une carte de Plonk et Replonk qui surgit...

Les dialogues post-it

D’ailleurs un des soucis que je n’avais pas imaginé à l’écriture était la redondance des séquences médicales, qui s’ouvraient toujours par un moment dans une salle d’attente. Pour éviter l’effet de répétition, on en a supprimé certaines.

Quels sont tes projets à venir ?

Pourquoi pas une autre BD ? Sinon j’ai aussi un projet qui fait suite à mon documentaire précédent, Le Mollet de la danseuse autour de la danse, du rugby et de la mort mais ça ne sortira pas avant longtemps !

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