ZOO

Guillaume Bianco, entre le mignon et le bizarre

À l’occasion de la sortie du nouveau tome de sa série Ernest et Rebecca, aussi adaptée en dessin animé, Guillaume Bianco a répondu à nos questions. L’occasion de revenir sur ses petits héros qui savent voir des choses que les adultes ont oublié de regarder : créatures fantastiques ou microbe sympa !

Des arts martiaux au don de trouble vue

Quand on lit votre biographie, on découvre que vous vouliez devenir un champion d’Arts Martiaux...

Guillaume Bianco : J’ai effectivement pratiqué les arts martiaux et suis allé de nombreuses fois en Asie... Je n’ai hélas jamais eu un excellent niveau mais j’ai, en effet, étudié quelques temps en Chine, suite à un Deug de chinois à la fac de lettres d’Aix en Provence. On avait de très bons profs de chinois à la fac. Par contre, je le parle super mal ! J’étais aussi passionné par le taoïsme. Tout ceci m’a incité à partir pour l’Empire du Milieu à l’âge de 18 ans.

Je faisais déjà un peu de BD à l’époque mais je m’étais découragé... Je m’étais plutôt orienté vers l’Asie avec l’ambition d’enseigner le français en Chine mais pour cela... il fallait faire des études ! Et au cours de ma première année universitaire sur Aix, j’ai rencontré Didier Tarquin ainsi que Christophe Arleston et j’ai intégré la rédaction du journal Lanfeust. J’allais plus souvent à la rédaction qu’à la fac : j’ai donc commencé peu à peu à faire de la BD !

Je n’ai pas un style académique puisque je n’ai pas fait d’école. J’ai toujours regretté d’avoir des lacunes mais on peut arriver à dépasser ça... Après, on manque de réflexes.

Pour votre célèbre héros au don de trouble, Billy Brouillard, de quoi vous êtes-vous inspiré ?

J’aime beaucoup Burton mais à partir du moment où on a un dessin tremblotant, mettant en scène des bonhommes rigolos et macabres avec des yeux globuleux, tout le monde parle de l’influence de Burton. J’adore Burton mais il faut rendre justice et honneur à Edward Gorey beaucoup moins cité ! Cet illustrateur américain des années 60-70 a été une influence majeure de Burton et une des miennes ! Maître du macabre, il a fait notamment L’Abécédaire des enfants fichus, à l’humour glacial, en noir et blanc avec des petites hachures.

Ça m’a beaucoup inspiré pour Billy Brouillard même si j’ai un dessin plus cartoon et que les proportions de mes personnages rappellent plus Burton, notamment dans La triste fin du petit enfant huître.

Il y a dans Billy Brouillard et ses aventures angoissantes et mystérieuses aussi un côté très comptines…

J’avoue qu’en plus de Edward Gorey, une autre de mes influences majeures est Roald Dahl, avec son côté « Petites histoires cruelles décalées ». Mais il y a aussi, pour le côté graphique, le lâché prise de Quentin Blake aussi qui me fascine complètement. Son trait est d’une fraîcheur et d’une légèreté qui me fait un peu penser au lâcher-prise des calligraphes taoïstes... encore un lien à l’Asie ! [Sourire]

J’aime aussi le côté poétique et troubadour de Brassens, qui a un univers médiéval et farfelu. Et surtout des chansons, moins connues, qui sont assez noires. Tout ça se retrouve pêle-mêle dans Billy Brouillard !

Dans votre dessin sur Billy Brouillard, on sent aussi un lâcher prise...

Je travaille le plus souvent en traditionnel, à la plume sur du papier aquarelle. Même mes couleurs sont faites de façon traditionnelle, à la main. Même si sur Billy Brouillard, c’est essentiellement du lavis ou un camaïeu marron ocre... fait avec du café ! En fait, un jour, j’ai confondu mon pot d’encre et mon café pendant que je dessinais : j’ai trempé le pinceau dans le café et bu l’encre ! C’était pas mal ! [Rires]

Un microbe pour rendre mignons des sujets sérieux

Qu’est-ce qui vous a donné envie de scénariser Ernest et Rebecca, dessinée par Antonello Dalena ?

Je voulais faire un truc plus grand public car j’ai parfois peur de m’enfermer dans une niche « livre d’auteur ». Grâce à cette série, je me suis rendu compte au Salon du Livre jeunesse de Montreuil que plus accessible au « grand public » que je ne le croyais !

C’est ce dont j’avais envie avec Ernest et Rebecca, même si les thèmes sont finalement un peu les mêmes que dans Billy Brouillard. Je pensais mon dessin trop limitant mais Barbara Canepa, mon éditrice chez Métamorphose, m’a proposé de collaborer avec Antonello Dalena avec qui je me suis tout de suite bien entendu !

Comment est née cette histoire ?

J’ai choisi une petite fille, Rebecca, et un microbe, Ernest. J’aime raconter des histoires avec des petites filles ! Je voulais parler du divorce et d’autres sujets dits « sérieux » mais sans pour autant faire du pathos. Le microbe me semblait être un faire-valoir rigolo et différent. Il m’amusait car il a vraiment mauvaise presse. Et dans le huitième tome, il y a une super surprise vers la fin, avec le retour d’un personnage important de la série !

Au début, je voulais faire des petits strips, mais je ne trouvais pas mon dessin suffisamment mignon. Grâce au dessin d’Antonello, avec son côté très « Disney », je trouvais ça mieux. Finalement, avec Ernest et Rebecca, on peut parler de choses graves du quotidien mais je l’espère avec douceur et légèreté.

L’adaptation en dessin animé a été faite par la productrice, Natalie Altmann, et j’ai été consulté. Ces différents échanges m’ont fait réfléchir sur ma façon de construire l’histoire et de mieux appréhender les relations entre les personnages... Le dessin animé comptera 52 épisodes de 13 minutes diffusés bientôt sur TF1.

Image extraite du dessin animé Ernest et Rebecca

Image extraite du dessin animé Ernest et Rebecca

Et vous avez envie de raconter d’autres histoires ?

Oui j’ai plein de choses en tête mais jamais assez de temps pour tout bien ordonner... J’ai une fâcheuse tendance à me disperser !

Haut de page

Commentez

1200 caractères restants