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Créatures, une exposition magique à Calais

Des monstres fantastiques et des héros de papier, l’art rejoint la BD. C’est le thème de l’exposition Créatures au Musée de Calais du 9 avril au 6 novembre 2022. Fanny Debreux (On a marché sur la Bulle) est commissaire de l’exposition qu’elle a conçue en quatre parties. Entretien.

Fanny Debreux, pourquoi associer Musée des Beaux-Arts de Calais et BD ? 

Fanny Debreux : C’est un peu fortuit, conséquence d’une rencontre entre la directrice du musée et celui de notre association On a marché sur la Bulle. Le musée avait depuis longtemps déjà envie de faire une exposition avec la BD.

Pourquoi avoir choisi les créatures comme sujet ? 

F. D. : Le choix a été fait par le musée qui voulait profiter de l’élan culturel avec l’arrivée du dragon de Calais [Ndlr : Un dragon géant mécanique animé de 12 mètres de haut pour animer le front de mer]. Ils ne voulaient pas se limiter au dragon, mais ouvrir aux animaux fantastiques en général. Comme la BD parlait de ces créatures, ils ont décidé d’associer les deux.

C'est vous qui avez sélectionné les monstres ? 

F. D. : Oui. On a commencé à parler d’animaux fantastiques en général, mais j’ai essayé de trouver un fil rouge. Il fallait déterminer la charge symbolique dans la littérature des animaux fantastiques et en particulier en BD. On est resté assez large, sur des catégories qui nous semblaient les plus évocatrices. Il y a une partie historique, une autre fantasy, science-fiction et steampunk devenu un genre.

Les dominants T.1

Les dominants T.1 © Glénat, 2022

Votre exposition propose un parcours très pédagogique. Elle est tournée vers un public large, mais aussi jeunesse. L'art s'intègre à la BD, et la BD à l'art ? 

F. D. : Le but était effectivement celui-là. C’est souvent notre propos à On a marché
sur la Bulle de croiser les pratiques, les discours. Cela donne des résultats intéressants.

Vous avez choisi des auteurs, tout public et tout âge ? 

F. D. : Il fallait s’adresser aussi bien aux néophytes qu’aux fans. Je ne voulais pas rester
que sur les classiques, Lanfeust de Troy, Thorgal ou autre. Je les cite, Valerian aussi comme piliers dans la partie historique, mais je tenais à en sortir pour partir sur une production plus contemporaine. Le parcours pédagogique n’est pas très
lourd, mais on a besoin d’un point de départ.

Quand j’arrive dans un musée, il faut qu’il y ait un propos, que j’en sache plus en partant. Mettre des œuvres côte à côte n’a pas grand intérêt sans ligne directrice. Le fil rouge rend l’exposition plus didactique.

Quel accueil avez-vous eu auprès des auteurs de BD ? 

F. D. : Ils étaient tous très contents. Ce sont des auteurs qui ont moins l’habitude d’être sollicités que les grands « classiques ». Je partais sur du contemporain donc l’accueil a été bon. On a ajouté au dernier moment Mathieu Bablet (Carbone et Silicium). Il y a aussi Alex Alice, Jérôme Lereculey

Akkad

Akkad © Le Lombard, 2022

Vous disiez ne pas oublier le steam-punk, genre assez récent qui a démarré dans les années 80. 

F. D.  : Le steam-punk est issu de la science-fiction et plus récent. Les éditeurs ont aussi été très présents et ont facilité les choses. On travaille déjà avec eux pour l’association au quotidien. Rentrer dans un musée était un plus à leurs yeux. 

Avec votre programme et la création d'ateliers pour les enfants, vous leur donnez un crayon.

F. D. : C’est l’idée effectivement, car la magie, le fantastique c’est très familial. L’imagination est libre. Il y a des visites commentées avec une mise en scène, un gros travail de fond. On est une belle équipe avec une scénographe, une graphiste, tout le personnel du musée.

Cette exposition n'est pas amenée à bouger ? 

F. D. : Non, elle se tiendra à la demande du musée du 9 avril au 6 novembre. Elle couvre les vacances d’été ce qui est porteur et s’associe avec la politique culturelle de la ville axée autour du dragon de Calais.

Il y aura d'autres expositions au musée avec des thèmes BD ?

F. D. : Potentiellement pourquoi pas. On est sur un test avec « Créatures ». Ce genre
de partenariat peut se faire ailleurs avec d’autres musées. On veut travailler dans la région à des croisements de ce genre, pas seulement à Calais.

Elfes T.12

Elfes T.12 © Soleil, 2022

Qui est derrière l'expo : région, département, ville ?

F. D. : On a des gens qui nous suivent dont la ville. Sinon c’est nous, On a marché sur la
bulle. Financièrement, c’est le musée qui a géré, il a pris l’association comme prestataire.

Des dédicaces avec les auteurs sont prévues ? 

F. D. : Oui. Le musée a proposé à Alex Alice de venir pour la Nuit des Musées. Il y aura aussi un concert dessiné avec Jérôme Lereculey. On devrait avoir quelques séances de dédicaces, mais ponctuelles, pas un côté festival qui vient se greffer sur l’exposition. Ce n’est pas l’idée et ça ne se justifiait pas.

Êtes-vous une lectrice de BD ? 

F. D. : Tout à fait, manga, comics, je suis devenue lectrice de franco-belge au fil des années, mais je suis effectivement une grande lectrice de BD. Je suis plus axée pop culture donc la SF, Fantasy résonnent chez moi. Ma passion pour la BD est allée de pair avec la pop culture. Je suis une enfant des années 90. J’ai profité d’un âge d’or où les années 70-80 avaient encore un écho.

Créatures est une expérience artistique hors-normes ? 

F. D. : Oui. On croise des BD avec des œuvres muséales. On prend un tableau et, à côté, on place des planches qui s’en rapprochent. On explique que les animaux fantastiques ne sont pas venus de nulle part, mais d’écrits comme les contes, les mythes, les folklores. Il y a quatre grands ensembles marquants : le Christianisme, le Moyen Âge, les mythologies grecque et nordique, les légendes d’Extrême-Orient, chinoise et japonaise. Je fais des parallèles avec ce que l’on découvre dans la BD. On y retrouve beaucoup de motifs qui ne sont même pas réinterprétés. C’est encore une fois toute la magie de l’exposition « Créatures ».

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