Demba Diop est un beau projet rondement mené par des amoureux de la vérité. Ce récit troublant et poignant montre la guerre dans toute son horreur et l’Homme dans son humanité.
Demba Diop va vivre la guerre comme des millions d’autres Hommes. Comme eux, il va partir de chez lui pour aller combattre des hommes qu’il ne connaît pas parce que la République française a décidée d’envoyer ses colonies pour sauver la Patrie en danger. Inclus au sein d’une unité rassemblant des peuples ne parlant pas la même langue, Demba Diop va devoir lutter pour sa vie avec son frère Sékou. L’offensive de Laffaut, un détail pour la Grande Guerre, sera sa bataille à lui. Blessé, il rentre au pays sans son frère, avec pour seuls remerciements la reconnaissance et l’amitié de son caporal.
Tempoe nous offre avec cette BD un scénario riche et travaillé. Si le parcours de Demba est celui de centaines de milliers de jeunes recrues, il prend une dimension unique par l’usage de sa langue, le wolof, pour retranscrire ses émotions ou encore pour ses discussions avec ses camarades de feu. On imagine mieux le dépaysement aussi face aux autres « coloniaux » qui parlaient des langues jusqu’alors inconnues.
Ce scénario bien ficelé se développe dans le dessin très réussit de Mor. Il donne à voir ce que Demba sent. Au plus proche de l’action, pour mieux montrer l’horreur d’une charge à la baïonnette ou le choc d’un obus : il donne à voir sans rien cacher. Le lecteur ne peut que se réjouir d’un tel travail.
Demba Diop est un bel pour ceux qui veulent se rappeler la guerre sans tomber dans les stéréotypes. La magnifique couverture, réalisée à partir d’une peinture d’un tirailleur rappelle l’engagement de ces hommes au cœur de l’enfer.
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