Les contrées arides de l’arrière-pays australien sont le cadre d’un scénario intelligent mené sans temps mort, offrant des possibilités graphiques minérales spectaculaires avec en point d’orgue une mine d’or à ciel ouvert.
L’ambiance est virile : des hommes rudes fréquentant des bars aux serveuses topless, des braconniers violents... Mais le récit est centré sur deux femmes. Ellie, jeune Aborigène travaillant à la mine d’or Foe, principal employeur du coin. Mine dans laquelle Birdy, serveuse sans emploi, a reçu l’interdiction de sa mère à de mettre les pieds.
Nathalie Sergeefconstruit habilement plusieurs histoires convergeant peu à peu. Birdy réussit à s’échapper de la baraque où elle était maintenue prisonnière par son beau-père Roy et ses deux dégénérés de fils. Des rangers la prennent en charge, avant d’être canardés par les ravisseurs. Pourquoi tant de haine ? Birdy aurait un magot planqué quelque part... Direction un puits d’accès désaffecté de la mine, où se dressait autrefois un gommier fantôme, arbre sacré pour les Aborigènes.
La scénariste braque aussi son projecteur sur les pratiques des compagnies minières qui polluent sans vergogne et foulent aux pieds les terres sacrées des Aborigènes. Quand un lanceur d’alerte avertit la presse d’une affaire de corruption impliquant le directeur de la mine Foe à propos d’une mine de charbon, la grève est déclarée. Ellie en profite pour s’esquiver à bord d’un énorme camion Caterpillar. Direction le puits abandonné.
A prix d'or T.1
©Glénat, 2022
Bernard Khattou réussit tout particulièrement sa représentation des paysages semi-arides, notamment autour du puits désaffecté, spectaculaires. Son approche de la minéralité n’est pas sans rappeler un certain Jean Giraud. Les poursuites menées tambour battant sont également mises en scène avec efficacité.
Au-delà de la BD d’action réussie, le propos n’est pas neutre : situation des Aborigènes, dérives financières, écologie sont des éléments clés du récit, qui s’arrête en plein suspense. Par chance, le tome 2 a été publié en même temps que le 1, l’occasion pour le lecteur de découvrir dans la foulée la fin de ce diptyque.