Beta... civilisations - T2

Quel récit est plus important que celui de notre Histoire ? Jens Harder achève enfin la seconde partie de son Grand Récit, dédiée aux parcours de l’espèce humaine. Et là où le premier volume de BETA s’achève sur l’an 1, le second volume nous raconte la suite jusqu’à aujourd’hui…

L’auteur n’a rien inventé. Pourtant, ce que façonne Jens Harder depuis plus de dix ans est d’une ambition colossale. Tout a commencé par ALPHA… directions, publié en 2009, dans lequel Jens Harder résume 13,7 milliards d’années en quelque 350 pages. À partir du Big Bang, l’auteur aurait pu finir jusqu’à aujourd’hui, mais pas tout à fait ! L’auteur a fait le choix de terminer les derniers millénaires que l’Homme a arpentés par BETA… civilisations. Du fait de la densité des évènements racontés, Jens Harder a scindé BETA en deux volumes. Si le premier résume les 30 000 ans de notre préhistoire jusqu’à l’an 1, le seconde termine la fresque du passé jusqu’à maintenant. Toute une histoire aujourd’hui donc...

L’Histoire, Jens Harder la dessine sous nos yeux sans l’inventer plus que l’Homme le fait en remémorant le passé. Car BETA… civilisations n’essaie pas de singer le grand récit de l’humanité comme le feraient pléthore de livres d’école. Le narratif de Jens Harder est visuel, à 99 %, et relate la longue évolution de nos civilisations – disparues ou en cours – par un patchwork d’images fascinantes à parcourir et à analyser. Ici, Il n’est pas seulement question de relater les évènements passés à travers le monde… Le Grand Récit de Jens Harder veut surtout rappeler le regard que l’on en avait autrefois et que l’on en a maintenant. Il n’est donc pas rare de voir une vignette d’Astérix le Gaulois interpréter le chapitre de la chute de Rome par les invasions barbares ou alors de noter la présence du capitaine Jack Sparrow dans une courte allusion à l’âge d’or de la piraterie.

BETA... Civilisations ©Actes Sud, 2022

En tant qu’œuvre méta, BETA… civilisations parle de l’Histoire et des histoires que l’on en fait. Et quand bien même elle est abrégée, la fresque est longue, tantôt fascinante, tantôt terrifiante… à l’image de l’Homme. Cet être capable de philosopher sur sa condition et d’exterminer ce voisin qu’il trouve si différent. Cette créature capable d’immoler Giordano Bruno pour marcher sur la Lune trois siècles plus tard. Cet animal capable d’écrire Mein Kampf et 1984 dans le même siècle. Tout ce dont nous sommes capables et coupables en plus de 2000 ans, Jens Harder le synthétise non sans y insuffler malice et pertinence par le choix de ses images.

Après ALPHA et BETA… GAMMA ? Jens Harder ne peut terminer son Grand Récit sans aborder le futur. Après tout… nous ne sommes qu’en 2022.

Article publié dans le Mag ZOO N°89 Novembre-Décembre 2022