Extases, ou l'autobiographie sexuelle de l'auteur Jean-Louis Tripp, est une des sorties événements de cette rentrée. Dans un style aussi fluide que profond et un dessin réaliste et poétique qui n'a plus rien à prouver depuis Magasin général, Tripp signe le premier tome d'une série toujours touchante, jamais vulgaire.
Plonger dans la vie sexuelle d'un auteur de bande dessinée : vous en avez rêvé, Jean-Louis Tripp l'a fait. De ses premières envies à ses premières conquêtes en passant par la découverte de son corps d'adolescent, rien ne manque. On assiste avec fébrilité à l'auto-analyse d'un homme qui assume si bien l'importance du sexe dans sa vie qu'aucune case ni situation décrite ne peut être taxée de grossière. Bien au contraire.
A travers cette audace, vivement encouragée par son ami Régis Loisel qui l'a poussé à passer à l'acte, l'auteur livre sa vision sans fard ni honte de tout ce qui peut paraître tabou : les premières masturbations, ses fantasmes les plus fous, son addiction à une célèbre pâte à tartiner chocolatée... C'est beau, touchant, honnête, sans arrangements ni compromis avec la réalité. Sa réalité.
Quiconque a déjà croisé le trait rond et alléchant de l'auteur ne peut s'y tromper dès la première planche : c'est du Jean-Louis Tripp pur jus, avec ce qu'il faut d'émotion et d'ouverture dans le graphisme pour faire adhérer d'emblée le lecteur au récit de ses pérégrinations. De cœur, et de cul.
Oui, ce premier volume à suivre est un des sémaphores dans la tempête de ce mois de septembre chargé. On ne remerciera jamais assez Lorenzo Mattotti d'avoir soufflé ce titre qui colle si bien à cette œuvre. Car ces extases vécues par l'auteur sont aussi celles du lecteur qui dévorent cette bande dessinée. Pas de chichis, on suit Tripp dans son lit.