Fantomar - Le Fils de la jungle

Mille et un dangers rôdent dans l’impitoyable jungle d’Octavia. Heureusement pour ses habitants apeurés, un surhomme les protège. Son quotient intellectuel culmine fièrement à 100 (enfin… c’est ce qu’il prétend), ses muscles luisants rendraient Apollon vert de jalousie et sa bravoure est digne d’un ado à peine sorti de sa puberté. Cette légende a-t-elle un nom ? Oui… c’est Fantomar !

La première de couverture ne pourrait être plus explicite : l’œuvre que vous tenez entre les mains est un concentré de déconne à faire sourire jusqu’aux oreilles. Qu’attendre d’autre d’un auteur comme GAD, un dessinateur comique ayant fait ses armes avec Ultimex et Glory Owl (un collectif co-créé avec Bathroom Quest et Mandrill Johnson). L’auteur étant réputé depuis 2008 pour son humour trash saupoudré d’un mauvais goût à en choquer les plus prudes, le voir un jour publié chez Fluide Glacial était inéluctable.

Fantomar tome 1 - Le Fils de la jungle
© Fluide Glacial, 2022

Digne de figurer sur un emballage de chewing-gum tel Monsieur Malabar, Fantomar est un blondinet bodybuildé en T-shirt moulant. Traînant dans la jungle quand il ne fait pas sa muscu quotidienne, il est toujours de bonne volonté à venir au secours de son jeune ami et « serviteur » Azerbahidjong (oui oui : vous avez bien lu !) et les autres habitants de la contrée. Et les dangers ne manquent pas ! Des “femme-araignées”, un “crocotigre”, des dinosaures ou de simples bandits… rien que les poings de Fantomar ne pourront frapper. Quoique… la plupart du temps, le jeune homme rencontre plus fort que lui et l’aventure est à deux doigts de virer au tragique !

Cette caricature des BD d’aventure exotique d’après-guerre où l’Homme blanc, beau et fort, sauve les autochtones des dangers de la contrée sauvage est on ne peut mieux écrite. Dès la première page, on comprend que Fantomar est une sacré buse et ne comprend pas grand-chose à ce qui l’entoure. L’image héroïque du colonialiste est tournée en dérision tout du long grâce à des dialogues particulièrement savoureux. Et GAD s’en donne à coeur joie : Fantomar est vantard, misogyne, sûr de lui, dénué de tout sens tactique. Mais sous cette liste de défauts, il y a de la bonne volonté pour aider son prochain… sauf le jeudi : c’est le jour du cours de musculation intensive.

Quel dommage que le dessin soit si pauvre. Le style de GAD n’a pas beaucoup évolué depuis Ultimex et c’en est dommage. Si l’auteur est capable de rendre hilare le lecteur à chaque case grâce ses dialogues, il est malheureusement loin de subjuguer qui que ce soit avec son graphisme. Ce dernier n’est là que pour illustrer le plus succinctement possible les situations dans lesquelles Fantomar et Azerbahidjong baignent… mais rien de plus.

Fantomar, le fils de la jungle ! jouit donc d’un humour essentiellement écrit car piètrement dessiné. Peut-être est-ce là pour l’auteur un terrain d’amélioration à creuser, car un dessin plus fin et des compositions plus inspirées pourraient aisément faire de l’auteur un incontournable.