Avec le deuxième tome des Contrées Sauvages, Taniguchi nous fait toujours voyager au gré des menaces posées par l'ère industrielle sur la nature, en restant cette fois-ci au Japon. Des histoires plus sombres, mais répétitives sur la durée.
Dans les Contrées Sauvages, des Hommes de provinces reculées font face aux dangers de la nature pendant que celle-ci se défend contre les dégâts causés par le mode de vie occidental. Trois années seulement séparent la première de la dernière histoire, amenant donc une plus grande homogénéité graphique et narrative à l'ensemble. Mais le sentiment de progression du style, qui faisait tout le sel du premier volume, est ici totalement absent.
© Jirô Taniguchi/Casterman
Les enjeux humains, écologiques et culturels sont toujours prenants et convaincants. Pourtant, au bout de quelques dizaines de pages, un sentiment de lassitude apparaît. Si les histoires sont bien sûr scénarisées avec talent, leurs thématiques et personnages se répètent. L'excellente surprise vient en revanche de la dernière histoire, datant de 2010, qui offre des protagonistes avec plus d'envergure que toute autre histoire du recueil et pourtant développés avec autant de mots.
Le dessin est dans l’ensemble très beau, mais aussi moins soigné. Jirô Taniguchi dessinait beaucoup à cette époque, 120 planches par mois, et cela se ressent. Certains visages sont peu expressifs et si l’on s’arrête sur certaines cases, on peut parfois y déceler quelques erreurs. Les décors restent superbes mais impressionnent moins que dans le premier volume. Les codes graphiques propres au manga, notamment les cases décalées et la profusion de lignes de mouvements, habituellement absents de ses oeuvres, sont ici courants.
Malgré ses défauts, l’album reste bon. Le ton plus sombre de ces histoires tranche avec le premier volume et vous intéressera si vous êtes déjà fan de l’auteur. Si vous découvrez Jirô Taniguchi en revanche, commencez plutôt par ses oeuvres les plus connues.