Mondialement connu pour ses peintures, maître incontesté de la peinture flamande, on sait finalement peu de choses sur la vie de Hieronymus Bosch, pas même la chronologie exacte de ses œuvres. Ce qui laisse le champ libre à l’imagination de Griffo pour nous raconter ses débuts et ce qui l’a inspiré dans ses visions infernales en une BD.
En proie à d’incessants cauchemars, le jeune Hieronymus, fils et frère de peintres bien en vue, finit par reproduire ses visions sur tableaux. Mais tous ces démons finissent par s’échapper et disparaître dans la nature. Un magicien sorcier lui fournira un fixatif qui, appliqué sur ses panneaux, les emprisonnera définitivement. Mais en 2016, en restaurant une de ses œuvres, Mathilde de Vlaeminck, la conservatrice du musée de Gand est à nouveau confrontée au même phénomène…
Visiblement Griffo a dû prendre beaucoup de plaisir à composer ce scénario pour le moins farfelu, où l’humour prime sur l’horreur que sont censées susciter les créatures infernales de Bosch. C’est aussi l’occasion pour lui de rendre hommage à son patrimoine culturel. L’album est d’ailleurs dédié à son père qui l’a initié aux arts graphiques, son épouse Anaïs, occasionnellement aussi sa coloriste, et à Stephen Desberg, scénariste de plusieurs séries qu’ils partagent.
Il n’est cependant pas certain que le lecteur s’amusera autant à la lecture de ce one-shot tant le style caricatural qu’emploie ici Griffo sied mal à l’ambiance de l’œuvre de Bosch. Ce stakhanoviste du crayon et du pinceau a su fédérer un lectorat fidèle autour de ses nombreuses autres séries. Mais en passant à une cadence de production surmultipliée, son incontestable talent graphique s’est visiblement dilué sur des séries qu’à peine lues, on oublie rapidement.
Sa capacité manifeste de transcender différents styles en les assimilant avec autant d’aisance nous laisse espérer qu’il nous réservera encore de belles surprises.