Colette affronte le difficile deuil de sa sœur, se bat contre sa mère surprotectrice, tout en évitant les coups au lycée. Avec une telle capacité d’esquive et de résilience, elle ne peut qu’être une grande boxeuse !
« Je m’appelle Colette, et la fille qui me ressemble juste à côté, c’est ma sœur jumelle, Lison. C’est elle qui a vu le jour en premier. C’est peut-être pour ça qu’elle prenait si bien la lumière. » Colette a toujours vécu dans l’ombre de sa sœur, du moins jusqu’à ses 11 ans, jusqu’à l’accident de voiture dramatique. De là, Colette ne grandit plus. Elle se fait malmener par ses camarades et surprotégée par sa mère. Nourrie par la culpabilité et le deuil, Colette commence à parler avec son ombre, sorte d’alter-ego moqueur. Et puis, pour faire plaisir à sa mère et raviver le souvenir de Lison, la jeune fille fait de la danse classique malgré elle. Mais, un jour, le destin l’amène dans une salle de boxe : une vocation est née.

Mi-Mouche T.1 Tu veux te battre © Dupuis
Sur le ring de la vie
L’origine, un dessin posté sur Instagram par la dessinatrice Carole Maurel (Nellie Bly, Coming In, Bobigny 1972) : une gamine à l’air furax regarde le spectateur en s’essuyant le nez avec son gant de boxe. La scénariste Véro Cazot (Olive, Le champ des possibles, Le jour du caillou) est immédiatement conquise et demande à l’illustratrice si elles peuvent raconter l’histoire de cette petite fille. Ce sera « Mi-mouche », car en boxe c’est le poids minimum pour faire des combats en compétition adulte (48 kg).
Colette est une héroïne tout à la fois fragile et forte. Frêle et timide, elle a une grande force de caractère : elle est prête à défier sa mère pour réaliser son rêve et s’affirmer. Véro Cazot représente avec justesse l’effacement du soi lors d’un deuil (particulièrement d’un jumeau), la culpabilité du survivant, le vide laissé et difficile à remplir. L’autrice utilise le ressort scénaristique de « l’ombre qui parle » pour incarner la personnalité profonde de Colette mais aussi sa conscience à la Jiminy Cricket.
Mi-Mouche donne aussi un coup de projecteur sur la boxe, un sport souvent jugé hâtivement et qui peut tout à fait être pratiqué par des gens petits et frêles.
Poids lourd du dessin
Carole Maurel est réputée pour son dessin semi-réaliste plein d’émotions. Ses personnages ont une grande expressivité, ses ambiances colorées sont très travaillées. La dessinatrice arrondie quelque peu son trait pour cette première œuvre jeunesse tendre et percutante. Mi-Mouche T.1 Tu veux te battre ? est une bande dessinée que j’aurais aimé lire enfant.
Article publié dans le mag ZOO n°104 Mai-Juin 2025