Lazarus - T8 : Fracture

Avec la fin du label Glénat Comics, un certain nombre de licences étaient passées dans une sorte de no man’s land éditorial. Depuis juillet 2023, la série Lazarus de Greg Rucka et Michael Lark revient chez Urban Comics avec une édition intégrale et une poursuite de la série avec son tome 8, au même format que chez Glénat.

Alors que la guerre bat son plein, Johanna Carlyle et Forever, la Lazare de la famille, marquent des points contre l’ennemi Hocke. Mais la victoire finale n’est pas encore acquise. Et Forever en apprend de plus en plus sur la réalité de sa situation de Lazare. Sera-t-elle loyale à sa Famille ou à son père ?

Rappel pour celles et ceux qui l’auraient oublié : Lazarus, c’est une série de science-fiction postapocalyptique, autant orientée action que géopolitique et récit familial. Des partis pris qui lui confèrent une profondeur et une richesse rare. Par ailleurs, elle est dessinée par un artiste au style réaliste immersif qui parvient à donner du réalisme à toutes les strates du récit. Et pourtant, Lazarus a eu du mal à se faire connaître. Glénat a publié les sept tomes disponibles, mais sans réussir à les imposer pour autant. Alors cette reprise de la licence par Urban Comics mérite d’être mise en avant. La série a besoin de visibilité et mérite d’être lue.

Lazarus tome 8 © Urban Comics, 2023

Michaël Lark, rigeur et réalisme

Le dessin est une grande force de cette série. Michael Lark a toujours adopté une approche photoréaliste dans son trait. Dans l’univers de Lazarus, c’est un parti pris idéal. Le scénariste cherche toujours à écrire un récit à hauteur d’homme. Oui, ce monde est futuriste et quelque peu désespérant, mais il reste profondément humain. Le dessin de Lark apporte cette humanité, il aide le lecteur à se projeter à la place des personnages.

Les couleurs de Santi Arcas sont numériques, cela se voit. Mais pour autant, il parvient à suivre les intentions de son dessinateur. Il propose des aplats très tenus, bien fermés par l’encrage, pour les personnages. Il s’autorise par contre des teintes beaucoup plus dégradées pour les décors, ce qui renforce un aspect naturel et dessine un monde vaste et quelque peu vidé de sa population.

Lazarus tome 8 © Urban Comics, 2023

Histoires de famille et d'infiltration

Avec un huitième tome, Lazarus a forcément fortement avancé dans ses intrigues. Mais si vous lisez encore, c’est sans doute que vous suivez vous-même la série. Deux grands enjeux sont donc posés par Greg Rucka : la place de Forever dans sa « famille » et la résolution du conflit entre Carlyle et Hock.
Pour ce dernier point, les épisodes sont tous à fait généreux. Plusieurs actions guerrières sont mises en scène avec de vraies avancées dans l’histoire. Mais Rucka ne cède pas au « bourrinisme ». Il revient nécessairement à la diplomatie, aux relations humaines. Et là aussi, ce 8^e tome est riche en révélations, notamment dans ce qui lie les patriarches Hock et Carlyle.

Mais pourtant, ce n’est pas là-dessus que le scénariste conclut sa séquence. Non, il revient à ce qui compte pour lui, à savoir les enjeux familiaux et la place que Forever occupe réellement chez les Carlyle. Une façon de rappeler que la famille que l’on se choisit n’est pas moins importante que celle dans laquelle on naît.

Le tome 8 de Lazarus est donc une excellente façon de revenir à cet univers. Il constitue une véritable avancée par la résolution de l’intrigue globale, qui semble relativement maîtrisée. Rappelons que pour celles et ceux qui auraient été intrigués par cette critique, sans connaitre la série, qu’Urban lance dans le même temps une édition intégrale pour permettre à un nouveau public de faire connaissance avec les Lazarus.