Le thème de la frontière, cher à des écrivains tel Cormac McCarthy ou des cinéastes comme Sam Peckinpah, est au cœur de Mexicana. Ce polar imaginé avec beaucoup de brio par Matz avec la complicité avisée sur le plan documentaire de l’américain Steve Marten, alias Mars, est une véritable réussite. Le trait inspiré et nerveux de Gilles Mezzomo s’y affirme particulièrement efficace.
A l’issue du premier tome de ce futur triptyque, Emmett Gardner, de la police des frontières, se retrouvait piégé par Angel Moreno, un narcotrafiquant mexicain de l’autre rive du Rio Grande. Pour sauver la vie de son fils, cet ancien militaire a accepté de tuer un agent américain infiltré dans le réseau mexicain. Loin de s’estimer quitte, Angel exige à présent qu’il liquide aussi un de ses plus importants concurrents, Roland Guttierez, basé à Ciudad Juarez, ville frontière et plaque tournante de tous les trafics et de tous les dangers. La partie s’annonce serrée...
Le scénario de Matz et Mars fait la part belle aux scènes d’action menées avec un sens du rythme et du découpage très efficace. L’intrigue privilégie également l’aspect psychologique avec le dilemme quasi shakespearien d’Emmett, plongé malgré lui dans ce milieu hostile et déconcertant.
Quant à Gilles Mezzomo, il se souvient bien de ses lectures de Blueberry et notamment de l’ambiance du cycle du trésor des confédérés, commencé avec Chihuaha Pearl. Il a parfaitement assimilé le trait giraldien, surtout celui plus relâché du premier tome de Jim Cutlass ou de La Jeunesse de Blueberry. Son dessin restitue les ambiances et les paysages mexicains avec beaucoup d’éclat témoignant à chaque instant du plaisir qu’il prend à la réalisation de ses planches. Et, cerise sur le gâteau, la mise en couleurs de Céline Labriet apporte une très belle lumière à chaque page.
Inutile de dire que nous attendons avec impatience le dernier tome de cette histoire annoncé pour septembre prochain !