Se situant dans le passé de Blame!, nous découvrons l’inspectrice Susono Musubi qui enquête sur un mystérieux culte capable de lier la chair et la machine.
Avec sa série Blame!, Tsutomu Nihei a imposé la vision d’un univers technologique dense et inquiétant où la machine et le réseau ont progressivement pris le dessus sur l’humanité. Les personnages hybrides évoluent dans un décor constitué de tuyaux omniprésents, de gouffres sans fond, de machines géantes errant sans fin, remodelant la mémoire des lieux.
Un préquel qui s'ignore
Même s’il ne le présente pas comme tel, en 2001, Nihei propose le one shot Noise qui se déroule dans le passé de Blame!, un temps ou les hommes possédaient encore toute leur intégrité. Toutefois, les choses évoluent, une étrange secte kidnappe des enfants pour les soumettre à d’atroces expériences, ambitionnant de créer une nouvelle créature liant ce qu’elle appelle le « réseau » et le chaos, dans une sorte de délire destructeur qui va progressivement lui échapper. Armée d’un glaive énergétique, une jeune inspectrice décide de creuser tout ça, voire d’entamer une mutation vers la machine qui annonce les événements futurs.
L’avenir est sombre et anxiogène
Cette vision de l’artiste dénonce les dérives d’un transhumanisme échevelé, perdu dans les promesses d’un réseau mondial, libérateur. Le cadre qui se dévoile à nous semble sans espoir, alternant de sombres coursives à peine éclairées, des passerelles métalliques au-dessus du vide, des parois sans fin parcourues par des câbles, rejoignant une ville constituée d’un amoncellement de baraques fixées auxparois sans fond, avec comme ambiance le bruit sourd d’un mécanisme industriel.

© Tsutomu Nihei / Kodansha Ltd.
Nihei installe principalement des ambiances, avant même de s’attarder sur son récit. Il prend le temps de transformer cet univers qui tourne pour commencer, autour de Musubi, l’héroïne. Elle est petit à petit confrontée à la déliquescence de tout ce en quoi elle croyait jusque-là, se résignant alors à affronter l’ennemi qui ambitionne tout simplement d’éradiquer l’humanité.
Entre calme et action
Comme avec Blame!, l’intrigue oscille entre scènes contemplatives, muettes, et de redoutables séquences de batailles extrêmement bien menées. Complètement en marge des grandes tendances, Nihei développe son propre style au fil des œuvres qui fascinent ses nombreux fans. Ce volume 0 rassemble non seulement Noise, mais aussi le tout premier one shot Blame!, annonçant la série qui allait suivre quelques années plus tard. Cette dernière histoire est certes maladroite dans son exécution, mais on y devine déjà l’étonnante patte d’un artiste au style tout à fait inimitable !
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