Nävis

Nävis est une jeune fille intrépide au caractère plus qu’impétueux, seule humaine au sein d’un gigantesque convoi de vaisseaux spatiaux habités par de multiples espèces extra-terrestres. Agente spéciale, elle accomplit souvent ses missions avec brio, mais son impulsivité lui joue parfois bien des tours.

Née en 1998 sous la plume de Philippe Buchet sur un scénario de Jean-David Morvan, Nävis est une héroïne de SF de la génération de nombreuses jeunes femmes de papier proposées par les éditions Delcourt ou Soleil (Carmen Mc Callum, Kookaburra...). Elle est le personnage principal de Sillage, épopée de space opera qui court depuis sur une vingtaine d’albums et qui devrait s’arrêter au 30ème.

Nävis, la seule humaine, si humaine

Initialement, Nävis aurait dû être un homme. Une sorte de vampire gothique, de surcroît. Mais après divers échanges, les auteurs ont finalement opté pour une jeune fille afin d’apporter davantage de fraîcheur à la série. Buchet a tout de suite trouvé son personnage : un physique avenant, un visage expressif (le dessinateur mime devant un miroir les expressions de son héroïne pour mieux les représenter), de l’énergie à revendre. Les influences graphiques viennent à la fois du comics américain et du manga.

Nävis a la spécificité d’être la seule humaine d’un convoi gigantesque de vaisseaux spatiaux de multiples espèces extra-terrestres. Toutes ont un cerveau lisible par les télépathes, sauf les humains, donc sauf Nävis. Ce qui la rend éligible à devenir une agente redoutable au service du Consortium dirigeant le convoi : on ne peut pas deviner à l’avance ce qu’elle va faire. D’autant plus que la jeune fille, impulsive, a un caractère bien trempé, ce qui la rend parfois vraiment imprévisible ! Les erreurs qu’elle peut ainsi commettre ont parfois de graves conséquences, constituant un des ressorts scénaristique de ses aventures.

Qu’a apporté Nävis à la BD en tant qu’héroïne ?

Croquis de Nävis
© Phillipe Buchet

Rare dans l’univers de la BD : Nävis vieillit peu à peu au fil des missions. Elle est quasiment une enfant au tome 1. Elle devient peu à peu une adulte. Le concept est établi à la création de la série depuis le début : les auteurs veulent l’amener jusqu’à la vieillesse.

Une équipe se forme rapidement autour de la jeune fille, composée de personnages des deux sexes. Mais Nävis en demeure bien la leader. Elle mène pour le compte des dirigeants du convoi des missions très variées d’un album à l’autre, permettant ainsi d’aborder des sujets très divers, faisant parfois écho à l’actualité : le terrorisme, les migrants...

Buchet dessine une héroïne jolie, mais qui échappe au cliché de l’héroïne bimbo. Elle est assez athlétique tout en ayant du charme. Le dessinateur est toujours surpris qu’en dédicace on lui demande Nävis nue, lui qui est plutôt pudique concernant son personnage. Dans Sillage, c’est surtout la personnalité de la jeune fille qui est travaillée pour être marquante. Moins son physique, même si l’artiste ne s’est jamais lassé de la dessiner en 25 ans. Il lui invente des coiffures différentes, mais elle garde toujours une ou des tresses. Il prend plaisir à lui créer des costumes adaptés aux différentes planètes sur lesquelles se passent les aventures. L’univers est globalement très coloré, avec des ambiances qui peuvent changer fortement d’un album à l’autre selon le monde sur lequel se trouve Nävis.

Ajoutons que le design, les machines, les vaisseaux spatiaux sont des marqueurs importants de la série. D’autant plus que Buchet est particulièrement à l’aise avec le dessin de tout ce qui est technologique.

À noter qu’un spin-off a été créé, tout simplement baptisé Nävis, dessiné cette fois par José Luis Munuera. Ce préquel plus humoristique conte la petite enfance de l’héroïne sur la planète où elle a vécu les premières années de sa vie. Une série qui a duré le temps de six albums.

Le sexe du personnage est-il si important ?

Ce qui est marquant dans Sillage, c’est moins le sexe de Nävis que son caractère et les univers dans lesquels elle est amenée à évoluer. Elle est néanmoins bien une femme, elle aura même un enfant. Ce qui ne l’empêchera pas de poursuivre une vie rythmée par l’action, son fils ne restant pas longtemps avec elle (l’avantage d’avoir un enfant hybride est qu’il grandit de manière accélérée, se retrouvant très vite à l’âge adulte !).

Aussi bien les lecteurs que les lectrices de Sillage peuvent s’identifier à Nävis, héroïne positive mais pas monolithique.