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Exposition Goscinny à Angoulême : et les mots devinrent des BD...

Pour la première fois, le travail de scénariste de René Goscinny est directement mis à l’honneur dans une exposition à Angoulême : analyse de la poétique « goscinnienne ».

[N.D.L.R Le festival d'Angoulême se reporte à de nouvelles dates pour son édition 2022 : il se tiendra du 17 au 20 mars 2022]

Quarante-cinq ans après sa mort, l’œuvre de René Goscinny reste toujours lue et continue d’amuser des générations de lecteurs. A tel point que le scénariste d’Astérix, de Lucky Luke, d’Iznogoud ou des Dingodossiers est devenu un classique. Ne lit-on pas déjà depuis longtemps le petit Nicolas en classe ? Il n’en fallait donc pas moins qu’une exposition à Angoulême pour saluer ce géant, qui a imaginé près de 450 scénarii, marqué nombre d’auteurs et de dessinateurs actuels et surtout contribuer à mettre en avant le métier, à l’époque très méconnu voire mésestimé, de scénariste.

René Goscinny en dédicace avec des enfants

René Goscinny en dédicace avec des enfants © Archives René Goscinny

C’est tout le défi et tout l’intérêt de cette exposition que de partager l’univers de Goscinny scénariste, à l’instar des expositions consacrés aux dessinateurs. « Il s’agit en fait de mettre en scène les mots » commente l’un des commissaires de l’exposition Jean-Pierre Mercier, ces mots tapés par René Goscinny sur sa machine à écrire, qui sont devenus des dessins…

Grâce aux archives conservées par l’Institut René Gosciny, on découvre ainsi les scripts, aux descriptions imagées et précises, à la scénographie très détaillée que l’auteur, infatigable travailleur, écrivait d’une traite, sans rature. De ces textes, nait un style reconnaissable entre mille avec ses calembours, ses jeux de mots et ses absurdités, un univers où reviennent toujours ces leitmotivs sur l’amitié, la nourriture, la bêtise humaine…

Autoportrait de René Goscinny

Autoportrait de René Goscinny © Archives René Goscinny

De Goscinny, nous connaissions son amour des lettres ou sa passion pour la France (par quel mystère ce fils d’immigré polonais qui vécut en Argentine a-t-il, avec Uderzo fils d’immigré italen, créé Astérix, le plus français des héros ?). Cette rétrospective nous invite ainsi dans son imaginaire pour retrouver ses thématiques chères, indépendamment du dessinateur qui les a mises sur les planches.

Il faut saluer le FIBD qui depuis quelques années met en valeur ces auteurs de BD qui ne dessinent pas, comme lors de l’exposition consacrée à Pierre Christin en 2020 ou celle à Loo Hui Phang (par ailleurs prix René Goscinny 2021) à l’espace Franquin cette année. Leur rôle est aujourd’hui une évidence. Morris lui-même, écrivit que « le scénario est plus important que le dessin, chose que les dessinateurs oublient trop souvent ». De cette évolution, Goscinny en fut l’avant-garde.

Article publié dans le Mag ZOO N°85 Janvier-Février 2022

René Gosciny scénariste, quel métier ! Musée d'Angoulême, du 17 au 20 mars 2022

Loo Hui Phang, Ecrire est un métier, Espace Franquin, du 17 au 20 mars 2022

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