En 1905, les gamins couraient au milieu des herbes folles de Montmartre. Francisque Poulbot croquait ces bandes de petiots pour montrer leur quotidien de misère. Patrick Prugne leur redonne vie autour d’une mare à grenouilles dans un album plein de tendresse qui évite soigneusement la carte postale.
Le jeune Arsène est le fils d’un promoteur qui a décidé d’urbaniser les terrains vagues de Montmartre. Forcé d’accompagner son père sur le chantier, il se retrouve face à une bande d’enfants des rues qui vont le faire prisonnier avant de l’embarquer dans de sacrées aventures. Tous vadrouilleront dans tout Paris avec de l’énergie et de l’espoir à revendre.
Dans les pas de Francisque Poulbot, le dessinateur qui a donné son nom aux gamins des rues, Patrick Prugne nous fait visiter Montmartre. Dans son groupe de gamins inspiré d'affiche du dessinateur, la gouaille le dispute à l’envie de vivre. Grâce à ses héros attachants, il dresse le portrait d’un lieu en train de disparaître. Si on voit l’industrialisation galoper sur les flancs de la célèbre colline, les aventures de ces garnements avec de la suite dans les idées transforment ce récit une ode à l’esprit frondeur.
Dans le dessin comme dans le scénario, le burlesque côtoie la réalité difficile de la vie à l’époque. Les faubourgs de Montmartre sont pauvres, les petits passent leurs temps dans les terrains vagues pour ne pas se prendre une volée, mais le charme opère. Les grands expressifs fichés dans des têtes aux moues extraordinaires fournissent de très beaux contrepoints aux rues tortueuses de Montmartre. Au détour d’une case on peut reconnaitre des maisons du quartier ou croiser des personnages plus ou moins célèbres, dans des couleurs toujours justes et douces.
Cette plongée dans une époque fascinante charme et émeut grâce à ses héros en culottes courtes : un album à découvrir absolument qu’on soit petit ou grand.