Dans Dilemna, tout est déjà écrit. Quoi qu’il se passe, quoi que puissent faire les personnages de cette histoire, l’humanité est vouée à l’esclavagisme. Ce ne sont que les formes qui changent. C’est sous ce parti pris que Clarke compose une fresque mêlant récit historique, uchronie et science-fiction. Un récit époustouflant dessiné d’une main de maître.
1936, Michael Dorffman, un archéologue allemand trouve des manuscrits datés du 4e siècle avant J.C. qui narrent l’histoire de l’humanité jusqu’en 1945 : une histoire de guerres, de massacres et d’épopées guerrières. Rapidement, toutes les puissances du monde ainsi qu’une organisation mystérieuse cherchent à s'emparer de ce manuscrit. L’archéologue détient l’avenir du monde entre ses mains... Que peut-il faire ?
Clarke nous dépeint les errements psychologiques d’un Allemand, patriote sous le IIIe Reich, mais amoureux d’une juive. En parallèle, le lecteur fait un bond dans le temps pour découvrir les plus grands penseurs de l’Antiquité grecque devisant sur le futur du monde. L’autre grande idée de ce scénario est contenue dans sa résolution. Le dilemne auquel se doit de répondre Dorffman, n’est pas résolu, ou plutôt, il l’est doublement. Clarke a en effet choisi d’offrir aux lecteurs les deux réponses à la fois. Comment ? En dessinant deux fins !
Dire que le trait de Clarke se prête à son scénario relèverait presque du pléonasme. Cependant, avec Dilemna on est forcé de reconnaître que les tortures psychologiques auxquelles sont soumis les protagonistes de cette fresque s’avèrent admirablement bien rendues par le trait de Clarke. Les jeux d’espions et d’espions doubles, les choix à faire, les passages entre les différentes époques se dessinent sans rupture, avec une facilité déconcertante pour un scénario de cette complexité.
Dilemna complète parfaitement l’œuvre de Clarke, un auteur qui n’a pas fini de faire parler de lui.