Davy Mourier quitte les bancs de l’école pour se lancer sur la banquise. Voilà donc pêle-mêle des pingouins dépressifs, des ours blancs affamés et des marées noires... rien que du beau ! On en attendait pas moins pour l’auteur de La Petite Mort qui signe avec Loup-Phoque un petit bijou d’humour noir.
Tout commence par un jeu de mot, mauvais donc hilarant, entre « alpin » et « lapin ». Le ton est donné, Loup-phoque sera amusant et de mauvais goût : avis aux amateurs de blagues fines et de références policées, passez votre chemin. Davy Mourier se frotte au suicide, à la dépression, à l’antisémitisme et aux jeux de mots avec son talent et son dessin unique pour un résultat désopilant.
Cet enchaînement de gags, le plus souvent en strip, jongle entre blagues des one-shots et celles qui se suivent. C’est ainsi que l’on suit les péripéties du poisson suicidaire, du pingouin dépressif ou des échanges captivants d’une étoile de mer et de son amie, l’éponge de mer... À ces gags s’ajoute des pages « le savais-tu » très enrichissantes sur la banquise, où on apprend par exemple l’origine des pains chauds (le mélange d’un pingouin et d’un manchot).
Avec son dessin rond et efficace, Davy Mourier va à l’essentiel à l’image de La Petite Mort. La plupart des gags fonctionnent grâce à cette sobriété : on ne se perd pas sur la page, l’attention du lecteur est habilement concentrée sur le texte d’une part, et les éléments humoristiques de l’autre. Le résultat est simple, on rit beaucoup et on se surprend à rire.
Loup-Phoque fait rire avec ce qui nous fait pleurer le reste du temps. Lorsqu’en plus l’auteur déploie un talent rare pour les jeux de mots et se sert d’un dessin terriblement efficace, on ne peut que saluer cette BD.