« Ah le joli mois de mai à Paris... » On a en tête cette chanson au parfum de révolution en lisant ce récit humain et plein d’émotion. Il retrace les événements de Mai 68 à travers le regard de Renée, jeune ouvrière dans l’usine occupée. Une quête initiatique subtile, illustrée avec talent.
Mai 68. L’heure de la révolte a sonné. Renée, jeune ouvrière dans l’usine de piles Wonder, est bien dans le rang. Embrigadée sur les barricades, elle découvre la vie, la violence, l’amour, le sexe... L’imagination est au pouvoir. Etudiants et ouvriers sont réalistes et exigent l’impossible. De slogans en manifestations, d’AG bouillonnantes au refroidissement de la mobilisation, Renée ouvre les yeux sur le monde, les hommes, leur lâcheté.
François Bégaudeau prend comme point de départ de son scénario une vidéo filmée par des étudiants en cinéma qui ont immortalisé les trois semaines d’occupation de l’usine Wonder. Une base réaliste et historique, source d’un récit fictif articulé autour du regard de la jeune Renée. Petit à petit, elle prend conscience d’être exploitée. Se rebiffe. Une histoire crédible et humaine.
« Wouah ! » C’est une des premières exclamations qui sortent de la bouche du lecteur à l’ouverture de cette bande dessinée au graphisme explosif et esthétique. Le rouge d'Elodie Durand prend toute sa place dans les pages d’un récit qui sent bon le parfum de révolte et la lutte pour une vie meilleure. On bascule sans cesse entre le déroulé des événements et les pensées de Renée, jeune naïve transportée par une foule sentimentale.
Wonder est une vraie réussite narrative et picturale. On y retrouve toute la sève d’une France à feu et à sang, le temps d’un joli mois de mai. Mythique. Historique et ô combien libérateur. Une BD pleine de folie qui donne du jus. Et l’envie de ne jamais la fermer face aux injustices de tous poils.