Thorgal est à Bag Dadh où il retrouve son fils Aniel que les Magiciens rouges ont kidnappé. Il essaie vainement de le convaincre de repartir avec lui mais celui-ci le rejette, lui reprochant de ne pas l’avoir élevé et aimé comme un père digne de ce nom. Dans une ambiance quasi infernale, Xavier Dorison succède à Yves Sente et tente d’orchestrer l’avant-dernier volume du cycle commencé avec le tome 30.
La série est difficile à reprendre pour l’auteur d’Asgard tant l’intrigue conçue par Sente était parvenue à un stade très avancé. Rappelons que le prochain tome doit conclure cette histoire en même temps qu’il sera le point de convergence avec les deux séries parallèles, Kriss de Valnor et Louve. Ainsi, sa marge de manœuvre dans cette reprise s’avère plus que restreinte car le « déraillement » de ce cycle a eu lieu bien en amont de ce nouvel épisode.
Son intrigue aux accents à la fois bibliques et historiques par le biais des croisades chrétiennes en Terre sainte, est également en prise directe avec les événements actuels qui se déroulent en Syrie, Iraq ou en Lybie. Mais avec cette orientation, elle se démarque totalement de l’esprit originel de la série. En abandonnant les rivages scandinaves et son folklore théologique, la série s’est totalement égarée.
Le traitement graphique de Grzegorz Rosinski, très inégal d’une page à l’autre, passe d’une planche très inspirée dans sa composition à une planche à l’aspect plutôt brouillon, où l’usage de la couleur directe tente vainement de masquer le dessin à peine esquissé, en porte à faux avec la superbe illustration de la couverture, domaine où Rosinski excelle depuis ses débuts.
Finalement, c’est plutôt sous le trait de Roman Surzhenko sur une trame bien plus inspirée de Yann dans Louve, que l’on renoue avec l’esprit initial de la série.