Envoûtant et mystique, ce premier tome de L’Enfant et le Maudit met en scène deux êtres que tout oppose. Sombre et attrayant, le récit de Nagabe enveloppe les sens avec son atmosphère tendue et son dessin ténébreux.
Deux mondes qui ne se rencontrent pas, qui s’évitent... Pour les humains, il est interdit de quitter leur pays nommé « l’intérieur », cette frontière qui les sépare des dangereuses créatures maudites de « l’extérieur ». Le moindre contact physique avec celles-ci condamnerait n’importe qui à se transformer à son tour. Mais dans ce monde abrupt, deux personnages se rencontrent et se complètent : Sheeva, petite fille lumineuse et pleine de vie et le Professeur, âme mystérieuse au passé sombre et aux secrets indicibles...
Les mots bien choisis et la pudeur des personnages enrobent le manga d’une aura de douceur. Le récit se centre sur le quotidien de l’enfant et de la créature qui en prend soin. Malgré l’omniprésence du mystère et les prémices d’un danger imminent, leur vie paisible et leurs tempéraments complémentaires fascinent et fonctionnent à merveille.
On nous laisse deviner l’histoire du pays, de la malédiction et de la petite fille par des éléments subtilement amenés tout au long de l’histoire. La chute inattendue et étonnante renforce la volonté de connaître la suite des événements.
Les plans millimétrés et la maîtrise technique épatent. Le dessin noir et blanc aux contrastes forts appuie les expressions des personnages et la tension perpétuelle. Hypnotiques, les regards sont magnifiés et intenses. La lumière qui accompagne Sheeva s’oppose à la noirceur étouffante de la forêt et à la dangerosité enchanteresse de l’environnement. Les points de vue alternés donnent à l’ensemble du récit un rythme soutenu et régulier.
Fable poétique et puissante, ce premier tome de L’Enfant et le Maudit est un délice qui se dévore sans modération !