SOS bonheur est une série qui compte. De celles, incontournables, qui font avancer notre réflexion sur la société. Celle dans laquelle on vit et celles dans lesquelles nous pourrions nous trouver enfermés. Un scénario brillant et un dessin jubilatoire rythment l’ouverture de cette deuxième saison. 33 ans après !
Que deviennent nos vies sous un état totalitaire ? Reste-t-il d’ailleurs une vie dans les sociétés où l’on ne respire pas : Chine, Corée du Nord, dictatures africaines et des pays de l’Est, Cuba... ? Que se passe-t-il quand le politique tient et verrouille les femmes et les hommes ? C’est la perte des libertés individuelles, comme le dénonçait George Orwell dans 1984. C’est aussi ce que décrivaient Jean Van Hamme et Griffo, en 1984 justement dans la première saison de cette série.
Van Hamme, que la bande dessinée n’amuse plus et qui s’adonne désormais à l’écriture théâtrale, passe le relais au scénariste Desberg, d’origine américaine. Avec Trump en président, il est actuellement bien placé pour observer les dérives politiques qui mènent aux régimes totalitaires.
Griffo est de retour pour croquer six destins en proie à la folie de leurs dirigeants. Comme celui de cette Française issue de l’immigration ou encore quand la Sécu est récupérée par des caisses privées toutes puissantes et intrusives jusqu’au viol de la vie des citoyens... Tous évoluent dans une prison à ciel ouvert où on ne sait même plus comment s’écrit le nom liberté. N’en déplaise à Paul Éluard, les bourreaux avides de pouvoir n’ont cure de poésie.
Plus il vieillit et dessine au soleil sur son île Canaries, plus Griffo est puissant dans son art. Humaniste, inventif et social sont les trois premières qualités de son style. Qui eut cru qu’on nous offre une suite de cette série mythique 33 ans plus tard ? C’est chose faite. Un peu d’éducation citoyenne pour 2018, ça ne fera pas de mal.