Ce n'est pas le titre le plus connu, ni le plus mythique du mangaka Osamu Tezuka. Mais Barbara, récit imaginaire et fantastique empreint de réalité, fait partie de ces mangas qui interrogent et laissent quelques traces dans nos esprits. Aventurons-nous sur les pas de cette hippie alcoolique en errance, racontée avec fantaisie.
Barbara est une jeune hippie rongée par l'alcool. La jolie erre comme une âme en peine dans la gare de Shinjuku, détruisant son existence dans les degrés des breuvages de rue. Un écrivain, Yôsuke Mikura, décide la ramener chez lui. Il ne réalise pas qu'il vient de mettre le doigt dans un engrenage qui va l'entraîner loin. Mais qu'importe, cet auteur loufoque en quête d'exotisme aime les sensations fortes.
Ce récit d'Osamu Tezuka, même s'il n'a pas été le plus visible de son vivant, a un mérite : permettre à deux personnages aussi différents que le jour et la nuit de se rencontrer. Ils évoluent dans un monde aux frontières du réel, fruit des délires alcooliques de la gamine et de l'esprit torturé de l'écrivain. On avance à tâtons dans cette histoire dense, épaisse mais jamais obscure.
Le trait prodigieux de ce mangaka de renom, disparu en 1989 à l'âge de 61 ans, est remarquable. On y retrouve l'essence des premiers mangas arrivés sur les écrans français alors que l'auteur achevait sa vie. Les petits français consommateurs de télé dans les années 1980 y a décèleront l’influence qu’il a eu sur Cobra ou Nicky Larson dans le trait.
Mais il y aussi une force supérieure dans ce dessin : une science du mouvement dont d'Osamu Tezuka semble avoir le secret. Si Barbara n'est pas le plus abouti de ses livres, il fait presque figure d'avant-garde tant il paraît moderne sur son temps lorsqu'il sort. Aujourd'hui, il n'a pas pris de ride. C'est la force de l'intemporalité.