Perdre sa vie à la gagner... Processus effréné dont la jouissance de l’instant, du pouvoir ou des finalités objectives (confort matériel, réussite sociale, image de soi) sont les corollaires pour ceux qui se « réalisent » à travers l’activité professionnelle. Jusqu’à quel point est-ce vrai ? Avec Détox, Jim aborde la question : qu’est-ce que vivre ? Être vivant à soi-même ? Avec Le déni, premier opus de la série, sa tragi-comédie séduit dans la forme et le fond.
Victoria, assistante de direction dans cette boîte internationale, est une vraie perle. Un CV auréolé de gloire, trilingue et pluri-compétente. Un physique à damner un saint aussi. Ce que n’est certainement pas son boss, Matthias d’Ogremont, directeur général insatiable. Toujours en mouvement. Constamment dans le rythme. Celui des négociations, des appels téléphoniques (portables un et deux), des réunions d’équipe...
Du repos parfois ? Pas vraiment ! Une amie et son médecin lui prédisent une fin précoce. Un destin funeste. Un AVC probable. Il s’en fout ! Il est comme ça Matthias. Un fonceur. Jusqu’à l’électro-choc. La mort frappe. Pas loin. Pas lui. Juste là, à côté. Furtivement. Sur son siège, dans son bureau, Victoria, la maîtresse des rares moments de détente, victime de l’AVC qui lui était destiné. Alors, passé l’enterrement, le souvenir du conseil de cette amie lui revient : elle a participé à un « stage de dingue » disait-elle. Détox ! Laisser la vie d’avant derrière le vrai soi... C’est alors, la fuite vers l’inconnu. Vers l’espoir.
Cette œuvre forte s’inspire d’un épisode marquant de la vie d’un ami de Jim. Il en tire un scénario captivant pour un premier tome qui se révèle hilarant après la tragédie. Réaliste, le traitement graphique de cet album est unique. En effet, il s'agit d'une collaboration graphique chaleureuse entre personnages dessinés par Jim et l’environnement qu’Antonin Gallo pose et illumine en dégradés de bruns, de roux.
Un joyau composé en parfaite osmose par ses deux auteurs.