Après des débuts peu remarqués avec Petit Verglas sur un scénario de Corbeyran, Riad Sattouf décide d’écrire ses propres scénarios suite à une importante conversation avec Émile Bravo...
À partir de ce moment, ses histoires seront de « l'écriture dessinée », d’où l’exposition tire son nom. Et s’il n'y a qu'une leçon à retenir de cette exposition fort bien prolongée par son catalogue dans lequel l'auteur lui-même commente humblement les œuvres exposées (planches, dessins, objets-souvenirs mais aussi photos de tournage), c'est que la persistance finit par payer à condition d'avoir du talent, et de faire les bonnes rencontres.
En 2002, à 24 ans, Riad Sattouf s'installe dans un atelier occupé par des locataires aujourd'hui prestigieux, dont Joann Sfar qui lui démontre l'intérêt de multiplier tentatives et projets. Il décroche alors sa première publication BD, avec les Pauvres aventures de Jérémie. Suivront alors deux livres, Le manuel du puceau et Ma circoncision qui annoncent déjà ses thèmes de prédilection.
Dessin original de couverture
pour Fluide Glacial n°358
© Riad Sattouf, Fluide Glacial
Récit autobiographique bardé d’autodérision, Ma circoncision lui vaut même une convocation au commissariat de police, ce qui entraînera ses débuts à Charlie Hebdo. Il y publiera hebdomadairement La vie secrète des jeunes, longue série consacrée à des scènes qu’il récolte dans l’espace public pour mieux en faire ressortir l’absurde.
Deux Fauves d’or et deux films
Alors éditeur chez Hachette, Guillaume Allary suggère à Riad Sattouf de se lancer dans un reportage dessiné sur le collège, où Riad Sattouf se rend pour en tirer Retour au collège, sa première vente importante.
Il se lance ensuite dans le récit animalier pour le mensuel jeunesse Capsule Cosmique avec l’oiseau Pipit Farlouse. S’il explore à nouveau la vie de collégien avec cet oiseau, Riad Sattouf déboulonnera la saga d’action avec Pascal Brutal, qui fera une arrivée remarquée dans les pages du magazine Fluide glacial.
Son héros, biker ultra-musclé, explose tous les codes du genre au point de rafler le Fauve d’Or au festival d’Angoulême pour son troisième tome, fait exceptionnel pour une œuvre d’humour. L’auteur ne s’arrête pas en si bon chemin, puisque lorsqu’il est contacté en 2009 pour écrire un scénario de film, Riad Sattouf précise qu'il aimerait le réaliser lui-même. Naissent alors Les beaux gosses, qui récoltent le César du meilleur premier film en 2010.
Esther, © Riad Sattouf,
Allary Editions
Il enchaîne ensuite avec le long métrage Jacky au royaume des filles en 2014 tout en acceptant d’être le seul auteur BD publié par Guillaume Allary, qui a entre temps créé sa propre maison d'édition. Riad Sattouf y sortira L’Arabe du futur, qui deviendra rapidement un énorme succès. Cette autobiographie entre Libye, Syrie et Bretagne entremêle récit de vie hors-norme, humour et émotion. Dès le premier tome, elle sera couronnée par un Fauve d’Or en 2014.
Il débutera ensuite la charmante série des Cahiers d'Esther, pré-publiée dans L'Obs. Il y renoue avec son goût pour les années collèges et la chronique du réel puisqu’il y dessine chaque semaine une anecdote d’Esther, qu’il a prévu de suivre de ses 10 à 18 ans. Tranches de vie actuellement diffusées également sous forme de série animée sur Canal +. Un sacré parcours en ce début de siècle !
Article publié dans le magazine Zoo n°69 Janvier - Février 2019