Choc, l’ennemi légendaire de Tif et Tondu, avance toujours masqué. Ce génie du crime, dandy immensément riche aux méthodes expéditives, se révèle complétement dans le dernier tome des Fantômes de Knightgrave. Colman et Maltaite closent leur genèse d’un des plus grands méchants du neuvième art avec brio.
L’histoire s’ouvre sur une folle course-poursuite dans les rues d’Istanbul. Des truands s’enfuient en automobile après un braquage spectaculaire et terminent dans les eaux glacées du Bosphore. Parmi eux figure Choc. Mais s’agit-il vraiment de l’homme recherché par toutes les polices du monde ? L’inspecteur Fixchusset pense qu’il s’agit d’un simple usurpateur. Pour lui, un homme aussi intelligent que Choc ne peut disparaître de manière aussi banale. Peu après, Fixchusset se fait enlever pour être soumis à l’interrogatoire d’une organisation mystérieuse.
Comme dans les tomes précédents, le scénario pratique des allers-retours constants entre le passé, les années 30 où Eden et William assistent en Allemagne à la montée du nazisme, et le présent, en 1955. Une relecture des deux premiers albums est absolument indispensable pour s’y retrouver dans la galerie des personnages. Petit à petit, les pièces du puzzle se mettent en place et le lecteur comprend les tenants et aboutissants du récit jusqu’à la révélation finale.
Toujours aussi abouti, le trait de Maltaite, le fils de Will, conjugue semi-réalisme, effets personnels et expressivité. Certaines planches font même parfois penser au dessin de Tardi. Les très belles couleurs, froides ou chaudes selon les époques, contribuent à clarifier la démarcation entre les scènes du présent et celles du passé.
Cet excellent tome conclut avec brio un excellent triptyque, après un deuxième volet un peu moins excitant. Le scénario haletant révèle toutes les failles et tous les espoirs brisés du complexe Monsieur Choc.