Le tome précédent s’achevait sur le quai de la gare du Nord à Bruxelles à l’automne 1940 alors que Fantasio s’apprêtait à partir pour aller travailler chez Messerschmitt en Allemagne. Spirou réussit à dissuader son ami de s’y rendre d’autant qu’un membre de la Gestapo que Fantasio avait rossé le recherche. Émile Bravo poursuit sa formidable saga avec la même verve, ferrant son lecteur pour ne plus le lâcher.
Les deux compères, pour subvenir à leurs besoins, vont se lancer dans le spectacle itinérant de marionnettes. Ils vont connaître un succès grandissant et leurs tournées ne vont pas tarder à intéresser les réseaux de résistance. Les saisons défilent, la vie continue tant bien que mal, orchestrée par les petites combines et le marché noir. Et l’occupant allemand, avec la complicité d’une partie de la population belge, se met à traquer les Juifs en vue de les envoyer vers les camps de la mort. C’est le sort réservé à P’tit Louis et sa petite sœur Suzanne, deux gosses amis de Spirou…
Émile Bravo poursuit son récit sur la jeunesse de Spirou et de son inséparable acolyte avec l’ambition de raconter les effets de l’occupation en Belgique sur la vie quotidienne durant ces cinq années de guerre. Comme pour sa propre série (Une épatante aventure de Jules), il fait ici encore preuve d’un talent inné pour proposer plusieurs niveaux de lecture selon l’âge du lecteur. Ainsi, lorsqu’il s’attaque à l’attitude de l’église catholique en ces temps troublés, il sait se montrer critique tout en restant nuancé dans ses propos. La vision humaniste qu’il porte à ses personnages est patente.
Une mise en scène vivante qui ne lésine pas sur le nombre de vignettes par planche, des dialogues percutants, ce deuxième chapitre se révèle encore plein de surprises comme la toute dernière image, qui nous tiendra en haleine jusqu’au prochain épisode.