Old Boy a marqué les esprits en 2003 au cinéma grâce à Chan-Wook Park puis sur papier en 2005 aux éditions Kabuto avant de disparaître des radars (le remake de Spike Lee de 2013 ne comptant pas). Naban relance la série en polissant sa présentation.
Les lecteurs de l’époque se souviendront de l’énigme dessinée la plus impénétrable et efficace des années 2000 : pourquoi donc Gotô, japonais banal, s’est-il donc retrouvé enfermé dans une chambre d’hôtel pendant 10 ans, uniquement pour se voir libéré sans aucune explication ? Où et vers qui va l’amener son inévitable quête de réponse ? Le film de Chan-Wook Park comprenait des scènes à couper le souffle mais souffrait parfois des limites de son format. Détaché de l’obligation de tout raconter en 2 heures, le manga d’origine développe bien mieux les liens entre les protagonistes et les ramifications du mystère.
Chambre allouée
« Old Boy fait partie de ces thrillers qui jouent principalement sur la psychologie, la manipulation mentale et non la violence graphique. Et puis Tokyo est le troisième personnage de l’histoire. Au travers de ses quartiers chauds, de la nuit, l’ambiance s’installe et avec elle une insécurité psychologique. Il y a très peu de violence dans Old Boy, tout se joue sur un rapport de force entre le personnage principal et son « bourreau ». On se rapproche beaucoup des films noirs des années 40 et cela m’a toujours plu. » explique Christophe Geldron, son éditeur, en sortant par surprise l’excellente série de son chapeau.
© Garon Tsuchiya, Nobuaki Minegishi, 2014
Son amour des grands classiques injustement oubliés filtre de chacune de ses affirmations tandis qu’il décrit ensuite avec optimisme l’évolution d’un lectorat maintenant bien plus attentif et éduqué à ce genre de récit.
Chirurgie extatique
La série profitera au passage d’un sérieux lifting, évinçant des couvertures efficaces mais datées pour se diriger vers une mise en image beaucoup plus axée thriller. L’ensemble rappellera dans un premier temps l’étouffement vertigineux du personnage. La série sera compactée en quatre épais tomes doubles, tous prévus pour 2020, ce qui nous suffira pour combler la triste absence de cette histoire dans nos collections.
Article publié dans le magazine Zoo n°75 (Janvier-Février)