L'Esprit critique

Lors d’un repas entre ami, Paul fait la rencontre de Masha. Elle est druide. Lui est sceptique. Elle voit des fées sur une photo. Lui n’y voit rien. Elle pense que son asthme guéri par ces esprits. Il suggère le bon air. Le débat s’envenime, devient stérile et Paul se retranche dans ses certitudes. Le soir-même une fée bien particulière lui rend visite : elle se nomme L’Esprit Critique.

Elle a des cheveux rose, une bouille de première de la classe et n’hésite pas à se transformer en dragon pour écarter les mauvaises déductions… L’Esprit Critique ne manque pas d’artifice pour recadrer le sceptique des temps moderne vers le fastidieux chemin de la pensée scientifique. Sous la forme d’un dialogue ininterrompu entre Paul et cette conscience critique, Isabelle Bauthian, docteur en biologie, déclare la guerre à l’un des travers les plus néfastes de la condition humaine : la fermeture d’esprit. Et tout commence par l’observation.

Dans une première partie, L’Esprit Critique retrace la longue et tumultueuse aventure du raisonnement scientifique. Car il s’agit de rappeler à Paul comme au lecteur que le savoir repose sur la démarche à ré-observer un phénomène que l’on croit pour acquis. Passer du modèle de Ptolémée à celui de Copernic ne s’est pas fait sans constater des failles. Et c’est par un savoureux montage plein d’humour que Gally nous fait voyager d’un esprit scientifique à un autre. Pythagore, Anaximandre de Milet, Alhazen, Robert Grossetête, Francis Bacon… chaque penseur scientifique s’est nourri de l’autre pour se consolider. Si les ellipses entre chaque paraissent brouillonnes, elles ne manquent pas de pertinence : le but est ici de montrer l’évolution et l’optimisation des raisonnements à travers les âges… jusqu’à établir la base de la méthode scientifique moderne (habilement schématisé).

L'Esprit Critique libre une aventure scientifique et cosmique
© Delcourt édition 2021

La deuxième partie de l’Esprit Critiquese consacre plus à un listing des biais cognitifs, ces vecteurs d’erreurs qui viennent entraver le raisonnement et le dialogue scientifique. Des biais tels que « L’effet foule », « L’effet Dunning-Krugger » ou bien le manque de pertinence à utiliser une donnée statistique (comme la moyenne) plutôt qu’une autre (comme la médiane) dans certains cas d’étude… Si cette seconde partie s’avère ludique au premier abord, on peut regretter toutefois sa structure trop sommaire.

En cette période où les avis se diffusent via internet, la télévision et les réseaux sociaux, L’Esprit Critique est un ouvrage malin, ludique et pertinent, mais manquant parfois un peu de structure.