Edmond Baudoin examine son existence et son œuvre. Cela donne une bande dessinée riche, multiple et troublante.
Comme souvent, Edmond Baudoin effectue des allers-retours entre le présent et le passé, l'un éclairant l'autre. Cette plongée dans son existence et celle de ses proches (parents, frères et sœur, amours, enfants, amis...) n'est en rien passéiste. Si elle est parfois un peu mélancolique, elle reste pleine de vie. Le Niçois citoyen du monde s'y livre en détails et privilégie les associations d'idées à la logique chronologique.
Les associations d'idées de Baudoin
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L'art du montage
À l'image de la mémoire et des rêves qui agrègent des éléments hétéroclites, Baudoin procède par collage de dessins, textes parfois écrits à l'ordinateur, évoquant alors l'écriture romanesque ou théâtrale, photos, pages de carnets, coupures de presse, citations et portraits de lui effectués par d'autres. Il crée ainsi l'une de ces œuvres hybrides dont il a le secret, à la fois intense et légère, tendre et cruelle, vive et contemplative. Si ce livre est une autobiographie et qu'il est l'occasion d'effectuer en quelque sorte un bilan, comme bien des œuvres de Baudoin, il paraît d'abord être un instantané qui reflète un moment précis. Il y est beaucoup question de filiation, d'amour, de corps, de danse...
La question de la danse dans Les Fleurs de cimetière
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La mise à nu surprend par son ampleur et elle pourrait gêner si Baudoin n'avait pas l'art de transformer en poésie le trivial et, inversement, de rendre prosaïques des éléments poétiques. Cet ouvrage dense touche par bien des éléments et notamment par ses nombreux et magnifiques dessins d'arbres.