Elisa n'est pas comme les autres enfants de son école. Elle a dû mal à parlée et croule sous le poids des mots, du langage. Jusqu'à ne plus ouvrir la bouche. Un long travail va l'amener à dominer ses peurs et surmonter son handicap. Cette histoire touchante contée par Nadia Nakhlé est pétrie d'universalité. L'illustration est de toute beauté. Une vraie voie lactée...
Elle s'appelle Elisa. Mais tous les enfants moqueurs la surnomme Zaza Bizar, car cette fillette de huit ans souffre de troubles du langage et de l'écriture. Pour se protéger, elle s'invente un monde où règne une araignée réconfortante. Et surtout, elle rencontre Léo, un petit garçon qui a des troubles similaires. Leur complicité leur permet de surmonter la horde des gosses malveillants.
Ecrasée par le poids des mots, la lourdeur des lettres qui volent, la pesanteur des phrases qui l'encercle, Elisa décide de ne plus parler. Elle rencontre la gardienne des secrets, une orthophoniste qui lui apprend à surmonter ses peurs, avoir confiance en elle et exploiter son monde imaginaire riche et fertile.

Le texte avance à l'aventure : pas de frontières, pas de cadre
© Delcourt, éditions 2021
Dès les premières pages de cette bande dessinée, on ressent toute la force et l'énergie que Nadia Nakhlé a mise dedans. Et, surtout, la bienveillance. Elle crée avec talent le monde d'Elisa dans lequel surviennent des flashs de réalité comme autant de claque. Elle dépeint la cruauté de l'enfance confrontée à la différence. Pas de cadeaux pour les anormaux. C'est raconté avec subtilité, dans les yeux d'une enfant touchante.
Graphiquement, Zaza Bizar est une sorte d'Ovni. Les planches ne sont pas découpées en cases. Le texte avance à l'aventure, on le suit avec plaisir. Pas de frontières. Pas de cadre, ni de limites, comme pour mieux ouvrir ses écoutilles à la différence, au handicap. Sortir d'une idée de normalité. L'histoire d'Elisa fait partie de ces BD qui font du bien. Quel que soit l'âge, le lieu, le moment. Il en va ainsi des créations qui touchent à l'universalité.