Disclose, média d’investigation, s’associe à La Revue Dessinée pour lever le voile taché de sang des ventes d’armes de l’Etat français. Quels sont les effets concrets, sur le terrain, de poignées de main ministérielles satisfaites en Arabie Saoudite ou en Russie ? Une lecture essentielle.
Pourquoi la France vend-elle des armes ? Quelles sont les conséquences de ce marché cruel ? Comment l’Etat des droits de l’Homme justifie-t-il le fait d’être complice de massacres ? L’équipe journalistique de Disclose et les dessinateurs de La Revue Dessinée nous plongent dans les arcanes d’un monde cynique où l’argent et le pouvoir valent bien quelques meurtres.
Dans cette excellente édition spéciale, on découvre les enjeux stratégiques, politiques et économiques aux origines des ventes étatiques d’armes. Comme dans toutes les bonnes enquêtes, tous les avis et parties sont entendus, les arguments de chacun présentés. Mais on apprend aussi le nombre d’atrocités commises, les failles et les manques d’un système pourtant encadré. Pêle-mêle, on peut citer le fait que le Parlement ne soit pas assez informé et n’ait pas les moyens de s’opposer aux décisions de l’exécutif, ou encore que la couverture médiatique des ventes soit trop faible et biaisée.
On leur vend des armes… et le pire c’est qu’ils s’en servent
© Disclose / La Revue Dessinée, 2022
Dans les articles dessinés « La roulette russe » et « Surveillance made in France », la question des produits paramilitaires est aussi abordée. S’ils ne sont pas létaux en tant que tels, ce sont pourtant des outils de mort. Sont concernés, entre autres, des caméras techniques pour des chars russes (utilisées lors du massacre de Boutcha en Ukraine en 2022), mais aussi des systèmes de surveillance utilisés par le maréchal Al-Sissi pour emprisonner et torturer des opposants.
La puissance de l’exposé des journalistes (Anne-Sophie Simpere, Camille Drouet, Ariane Lavrilleux et toute l’équipe de Disclose) est renforcée par les illustrations de Frank Bourgeron, Cédric Villain, Vincent Sorel, Cyril Elophe, Jean Christophe Mazurie, M Lerouge et Vincent Mahé. Les infographies de Cédric Villain sont aussi froidement efficaces que dans son Horror Humanum Est ; Vincent Sorel croque les visages avec précision ; la quadrichromie élégante de Cyril Elophe sert son trait minimaliste ; etc. Et il y a encore tant à dire !
Un condensé d’informations, de chiffres, d’exemples, de témoignages et de schémas qui rend une industrie méconnue et nébuleuse plus accessible. A se procurer d’urgence pour comprendre un peu mieux le monde dans lequel nous vivons.