S"inquiéter, c'est souffrir deux fois
Hirayasumi a définitivement pris la France par les sentiments et pas simplement par sa capacité à s’amouracher du décrépi. Selon les critères d’une société caracolante, Hiroto n&
9 novembre 2023
-Actualité
Série : HirayasumiTome : 1/6Éditeur : Le Lézard Noir
Scénario : Keigo ShinzôDessin : Keigo ShinzôTraducteur : Sylvain Chollet
Collection : LEZN.MNAGA
Genres : Manga, Seinen, Shonen
Prix : 13.00€
Scénario
5.0Dessin
5.0Keigo Shinzo aime faire découvrir des portraits décalés, au sein de la société japonaise. Après avoir abordé des sujets difficiles dans Mauvaise herbe, il prend un détour bien plus lumineux avec Hirayasumi, dont le premier tome paraît au Lézard Noir. Et il parvient de nouveau à toucher le lecteur.
Hiroto Ikuta est un freeter, un employé à temps partiel. Il aurait pu être acteur, mais il est frappé par le mutisme quand il se retrouve devant une jolie fille. Un souci qu’il ne rencontre pas face aux vieilles dames. Il a d’ailleurs accompagné une personne âgée sur sa fin de vie qui l’a couché sur son testament permettant à Hiroto d’hériter d’une petite maison. Tout va donc bien pour lui. Jusqu’au jour où sa cousine emménage chez lui à Tokyo suivre des études d’art. En vivant avec lui, elle va dynamiter sa tranquillité.
© HIRAYASUMI © 2021 Keigo SHINZO / SHOGAKUKAN
Il s’agit donc d’une cohabitation entre homme et femme, mais pas de relation amoureuse. Ça change et c’est tant mieux ! Keigo Shinzo règle cette question en proposant une tranche de vie familiale. C’est un bon prétexte pour interroger les conflits de générations. Les deux personnages principaux ont près de dix ans d’écart. C’est suffisant pour que leurs visions respectives de la vie s’entrechoquent. Bonus, l’auteur fait de même entre Hiroto et une vieille dame. Trois générations différentes parsèment ce premier volume, pour autant de petites incompréhensions que de belles rencontres.
Avec sa « zénitude » apparente, le héros constitue un agréable pôle de stabilité dans l’histoire. Autour de lui, tous les personnages s’agitent. Mais pas lui. Lui, c’est une valeur sûre, un point de repère. Le personnage simple et inspirant, dont on espère que la vie va lui sourire parce qu’il le mérite. Et ça fait du bien en période de doutes et d’inquiétudes mondialisés !
© HIRAYASUMI © 2021 Keigo SHINZO / SHOGAKUKAN
Dans le dessin, pas de surprise, Keigo Shinzo répond présent. Il déploie son habituelle simplicité du trait. Ses personnages voient leurs visages esquissés en quelques coups de crayon, les décors se concentrent sur l’essentiel. Sauf quand le mangaka veut mettre l’accent sur une émotion. Alors, le dessin se complexifie, les visages gagnent en détail et en expression. Les décors s’enrichissent eux aussi, comme si le cadre devait devenir plus beau pour mettre en valeur le moment. C’est une force indéniable chez Shinzo que de réussir à guider l’œil du lecteur ainsi. Cela traduit plus qu’une maîtrise du dessin : une maîtrise de la narration.
Hirayasumi est donc notre lecture bien-être de cette fin d’hiver. Connaissant Keigo Shinzo, on peut penser que cette qualité devrait nous suivre tout au long de la série.
4.0
Gros coup de cœur ! une douceur
Le 20/04/2024 à 12h47
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