Gisèle Halimi - Une jeunesse tunisienne

Avocate, militante féministe et politique, Gisèle Halimi a lutté toute sa vie contre l’injustice. Son combat trouve ses racines dans son enfance dans la Tunisie coloniale des années 1930. Un bel hommage, aussi instructif qu’inspirant.

Gisèle Halimi naît en 1927 en Tunisie. Sa famille, juive séfarade et berbère, aurait préféré un deuxième garçon… Très tôt, elle s’insurge : pourquoi devrait-elle débarrasser l’assiette de son frère ? « Tu verras, toi aussi tu subiras la loi de Dieu ! Pour nous, les femmes c’est notre destin de subir. » « Ma mère me voit déjà mariée. Mais je n’aurai jamais la même vie qu’elle. Je serai libre et instruite. » Son père, petit employé d’une étude française, veut que son fils aîné devienne avocat. Mais c’est la petite Gisèle qui rêve du barreau. En elle brûle le feu de la lutte.

Danièle Masse, docteure ès lettres, retrace avec beaucoup de sensibilité et de justesse l’enfance et l’adolescence de Gisèle Halimi. Elle dépeint une jeune femme en perpétuelle résistance face aux diktats, tant familiaux que politiques. Petite fille, Gisèle Halimi rejette les inégalités de genre, absurdes et injustes. Adolescente, elle s’oppose au poids des traditions et au racisme de la société coloniale.

Gisèle Halimi, une jeunesse tunisienne
© Delcourt, 2023

Entre une mère distante et conservatrice, un père aimant et engagé, une institutrice antisémite, des amies de toutes les origines et confessions… Gisèle Halimi va devenir progressivement l’égérie humaniste que l’on connait.

Après le très bon Beate et Serge Klarsfeld : un combat contre l'oubli, Sylvain Dorange rempile avec une bande dessinée biographique. Et c’est encore une réussite ! Son trait souple donne vie à la famille de Gisèle Halimi. Ses personnages sont très expressifs et attachants. Ses couleurs nous transportent dans la Tunisie des années 1930.  

Gisèle Halimi, une jeunesse tunisienne est un album sensible et passionnant. Derrière toute grande femme, se cache une petite fille pleine d’idéaux. Un bel hommage, au même titre qu’Une farouche liberté… En attendant la panthéonisation.