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Le son des morts

couverture de l'album Le son des morts

Éditeur : Delcourt/Tonkam

Scénario : Daruma MatsuuraDessin : Daruma MatsuuraAuteur : Traducteur : Géraldine Oudin

Collection : Seinen

Genres : Manga, Seinen

Prix : 8.50€

  • ZOO
    note Zoo4.0

    Scénario

    4.0

    Dessin

    4.0
  • Lecteurs
    note lecteurs
    0 critique

Le synopsis du manga Le son des morts

Yato Tsurumi, professeur d'art, a perdu sa femme il y a deux mois, emportée avec leur maison par une crue... Depuis, le coeur brisé, il passe ses journées à broyer du noir et son aptitude à voir les lieux disparus n'arrange rien. Un jour, il se retrouve en charge de Ima Hayabuchi, une élève submergée par sa capacité à entendre le "son des morts" depuis qu'elle a perdu son père dans un tremblement de terre.


Un linceul pour canevas

Un professeur d’art peint des lieux fantômes, son élève entend les défunts : tous deux sont hantés par la dispa­rition d’un être aimé. Daruma Matsuura mêle l’art et la mort dans un drame aussi dur qu’émouvant.

Yato Tsurumi, professeur de peinture, a perdu sa compagne lors d’une crue meurtrière. Prisonnier de ses souvenirs, il souffre de cette absence irréparable. Pire, il peut voir des « vestiges fantômes », sorte d’images rémanentes de lieux passés ayant connu la mort, qui l’empêchent de guérir. Le directeur de l’école d’art où il exerce décide alors de lui retirer les cours de préparation aux Beaux-Arts, et de lui confier les cours de peinture grand public. Une élève difficile fait partie de cette classe : la jeune Ima Hayabuchi. Ne s’intéressant pas à la peinture, la collégienne ne quitte jamais ses écouteurs. Elle ne veut plus « les » entendre, ces bruits de pas de personnes qui ne sont plus là. Les sons des morts l’assaillent depuis le décès de son père. Le professeur comme l’élève ne parviennent pas à laisser les défunts s’en aller, au péril de leur propre vie…

Nature morte

Daruma Matsuura, connue pour ses séries Kasane, la voleuse de visage et La Danse du Soleil et de la Lune, parle ici avec finesse du deuil des êtres aimés. Dans Le Son des morts, prépublié au Japon par Kôdansha en 2019, elle dépeint avec beaucoup de réalisme et de douceur la dif­ficulté d’affronter la vie, la culpabilité du survivant et la perte de sens qui suivent un décès.

Le Son des morts

 © Daruma Matsuura / Kodansha Ltd.

Restant fidèle à ses thèmes de prédilection, comme le fantastique et la mélancolie, Daruma Matsuura traite à nouveau de sujets sociétaux importants au Japon : la peur des tsunamis et de la disparition des victimes ou encore les conséquences morbides de la pression sociale sur les jeunes et leur recours au suicide. Elle lie le tout par l’amour de l’art et la puissance expiatoire de la peinture. Une discipline que l’autrice connaît bien, ayant elle-même été major de promo lors de son apprentissage de la peinture à l’huile à l’université d’art et de design de Joshibi. Dans Le Son des morts, on a plaisir à retrouver son trait si particulier, charbonneux, aux trames joliment texturées.

Un mort, des deuils

À partir du chapitre 5, le narrateur change et le lecteur découvre la triste destinée d’un jeune artiste aux idées géniales qui ne parvenait plus à mettre sur toile sa vision pourtant unique du monde. Le suicide du jeune homme est mentionné à plusieurs reprises au début du manga avant d’avoir son propre traitement narratif. Le Son des morts devient alors presque deux œuvres en une. Et quelles œuvres ! Encore une réussite pour Daruma Matsuura qui brille dans la noirceur.

Article publié dans ZOO Manga N°8 Mai-Juin 2023

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