Clovd - T1 : La dame de birka

2042. Le CLOVD, ce brouillard impénétrable, fait son office depuis 20 ans et a sonné le glas de la civilisation thermo-industrielle. Parmi les décombres, super-héros et autres références de la culture geek prennent la poussière dans des bibliothèques abandonnées. Dans cette apocalypse, Funérailles part en quête du prochain sauveur de l’humanité. Mais en a-t-elle encore besoin ?
« Alors… t’as la référence ? »

Voilà comment résumer un album de Florent Maudoux. Après Freaks Squeele, Funérailles et Rouge, CLOVD démarre sur les chapeaux de roues. Exactement comme un Mad Max que George Miller imaginait dans un contexte de choc pétrolier fin des années 70, Maudoux imagine « son Mad Max » au lendemain de la pandémie et en pleine crise climatique. Une région parisienne post-apocalyptique après laquelle les années 2020 sont passées. Les références à la COVID, aux réseaux sociaux et à la culture populaire de la présente ère sont partout. Des références au service d’un véritable univers narratif où monde réel et fantastique se sont mêlés sur plusieurs séries.

COLVD, T.1
© Florent Maudoux - Rue de Sèvres

L’univers narratif de Freaks Squeele devenant de plus en plus vaste, Maudoux a pour cela besoin d’un personnage faisant le lien entre toutes les séries. Funérailles est ce personnage. Avec sa dégaine d’Elfe gothique défiguré, la silhouette solitaire et taciturne foulant le monde dévasté est à la recherche de l’élu, le futur sauveur de l’humanité, le héros de demain… Mais est-ce encore nécessaire ? Si les super-héros dont nous suivions les prouesses fantastiques pendant les années 2000 et 2010 ont failli à leur mission de nous inspirer à agir contre le désastre climatique, quelle utilité aurait le héros de demain ? Feu Tina Turner ne chantait-elle pas « We don’t need another hero » à la fin du troisième Mad Max ?
Florent Maudoux reprend le même message pour le réadapter aujourd’hui, et c’est plutôt bien fait… Même si on se demande parfois si faire allusion à autant de références vidéoludiques et autres œuvres de la culture geek du moment ne revient pas à surfer sur une mouvance que la BD dénonce. Une BD pour les geek pour dénoncer le côté néfaste et le côté positif de l’univers geek. C’est un concept qui peut vite tourner en rond.

COLVD, T.1
© Florent Maudoux - Rue de Sèvres

Visuellement, rien de très neuf chez Maudoux : c’est de la (très) bonne cam’. Le style manga « sauce française » fait toujours aussi mouche et la colorisation donne aux planches une belle homogénéité visuelle. Et il fait plaisir de voir l’auteur s’épanouir autant dans certains délires visuels comme ces batailles de trains pareils à des batailles de bateau pirates. Mention spéciale à la couverture qui en jette !
Bref, du Florent Maudoux efficace et dans son élément.