Minuscule - T11

En marge des grands courants, il y a quelques séries, comme Minuscule, qui parlent du temps qui passe, du plaisir des goûters entre amis, de l’importance des petits gestes, du simple plaisir de vivre…

En 2018, Takuto Kashiki nous proposait un sympathique hors-série intitulé « La meilleure façon de marcher », le guide officiel du monde de Minuscule. On y découvrait les petits secrets des deux héroïnes, Hakumei et Mikochi, leurs habitudes, leurs vêtements préférés, les plats qu’elles aiment préparer... L’auteur nous présentait ensuite leurs amis, leur maison, le village pas très loin de chez elles avec une carte, les bons restaurants, les librairies etc. Bien qu’il ne s’agissait pas de raconter une véritable histoire, ce volume contenait l’essence même de cette incroyable et touchante série. L’attention portée aux détails, la volonté de créer un univers cohérent et très attachant où l’on se sent bien dès les premières pages.

Une tasse de thé ?

Dans Minuscule, pas d’enjeux dramatiques, pas d’ennemis prêts à dévaster la forêt, pas de gros traumas, ni d’égo mal placé. Juste deux jeunes femmes, hautes de quelques centimètres, qui vivent tranquillement au contact de la nature, évoluant dans une commu­nauté d’amis avec qui elles aiment passer du temps. Toutefois, contrairement à ce que tout cela pourrait laisser penser, on ne s’ennuie pas une seconde à la lecture de ces volumes.

© Takuto Kashiki 2023

Le gros avantage de cette série positiviste, c’est qu’elle va dans le sens de ses personnages. Ils se construisent sous nos yeux. Ils apprennent de tout ce qui les entoure, ils partagent, transmettent et reçoivent. Le principe n’est donc pas de les accabler, mais de les rencontrer dans cet univers fait d’insectes, d’arbres creux, de saveurs exotiques, de moments silencieux et touchants.

Une ambiance qui ne se complaît pas dans une vision naive du monde

Si on allait se balader

Chaque volume s’articule autour d’une succession de chapitres courts qui s’attardent sur une tasse de thé partagée à l’abri de la pluie, sur un périple urbain à la recherche d’un coin ou manger, sur la façon d’aménager une coquille d’œuf en salon de coiffure. Progressivement, l’auteur pose les éléments constitutifs de ce monde miniature, les ambiances qu’il affectionne, sans pour autant se complaire dans une vision naïve du monde.

Instantanés pris sur le vif

Malgré tout, le vrai coup de cœur reste graphique, les planches sont tout bonnement somptueuses. Elles fourmillent de détails, tout est très beau et très fin, avec un soin porté sur les décors, sur la nature. On est fasciné, on s’attarde sur chaque case, sur cette vie qui
déborde de partout, à l’image des magnifiques couvertures.

Bien qu’assez discrète, Minuscule reste une série qui s’adresse à tous, à (re)découvrir sans plus attendre.

Article publié dans ZOO Manga N°9 Juillet-Août 2023