Dark Knights of Steel - T1 : Au loin l'orage

Et si ? Et si les choses s’étaient passées différemment ? Le concept est familier de l’univers Marvel, mais DC Comics s’y essaye aussi à l’occasion. Tom Taylor avait déjà développé longuement une telle proposition avec Injustice. Dans Dark Knights of Steel tome 1, le scénariste plonge les héros DC dans un univers médiéval plutôt bien inspiré.

L'univers DC en cotte de mailles

La planète Krypton est au bord de la destruction. Jor-El et son épouse enceinte ont préparé une fusée qui va leur permettre d’échapper à ce cataclysme en arrivant sur une autre planète. Vingt ans plus tard, les El sont devenus rois. Ils sont en guerre contre le royaume de l’orage. Car une sombre prophétie pousse le roi Jefferson à faire tomber les êtres divins qui lui font face.

Dark Knight of Steel
© Yasmine Putri, Tom Taylor - Urban Comics

Un concept, une bonne histoire

Entre le titre original et la couverture choisie par Urban Comics, vous pourriez penser que Dark Knights of steel est consacré à Batman. Erreur, le récit composé par Tom Taylor est bien plus riche que cela. Il s’appuie sur l’ensemble de l’univers DC, qu’il convertit avec intelligence.
La famille El et donc Superman deviennent une famille royale. Batman, un chevalier protecteur, bâtard héritier du trône qu’il sert. Black Lightning fait face, en seigneur du royaume de l’orage. Les amazones constituent un troisième royaume dont Wonder Woman est l’héritière. Constantine, Green Arrow, Lex Luthor, la Bat-Familly, Tom Taylor mobilise très largement pour composer un univers crédible. 

Mais il va plus loin. Le scénariste s’offre le luxe d’offrir un univers avec un passé. Il est facile de lancer une histoire autour d’un point de rupture, d’un événement qui met fin à une situation apaisée. Le monde de Dark Knights of Steel n’est pas dans ce cas. L’antagoniste dont l’apparence est gardée secrète, a déjà agit par le passé. Il a déjà des contentieux avec Kal-El et Bruce Wayne. Pour quelles raisons ? Taylor peut distiller les réponses, qui viennent donc éclairer différemment les événements qu’il met en scène dans le temps présent. 
Entre l’attention portée au casting et la structure du récit, Dark Knights of steel s’avère tout à fait plaisant à suivre.

Dark Knight of Steel
© Yasmine Putri, Tom Taylor - Urban Comics

Découverte d'une nouvelle pépite du dessin

Pour la partie graphique, DC Comics a accepté de donner sa chance à une dessinatrice philippine ambitieuse, Yasmine Putri, dont c’est la première œuvre majeure en tant qu’artiste principale. Petit regret, un épisode où l’artiste est remplacée par le français Bengal, moins impressionnant.
Putri est une artiste complète, dont le dessin s’appuie autant sur un trait fin, simple, réaliste et un peu anguleux, que sur une peinture numérique riche en effets graphiques. Cette peinture est sa grande force, car elle soutient fortement les ambiances, tout en affirmant les changements de temps et de lieux de manière très claire. La couleur a une importance dans la narration, Putri en fait la démonstration sur son propre travail.
Notez la présence aussi du dessin de trois autres artistes, mais qui illustrent eux des épisodes flash-backs et complémentaires. 

Les amoureux de l’univers DC vont donc trouver dans Dark Knights of steel tome 1 une proposition solide, intelligente et plaisante. C’est un excellent moyen d’associer l’amour de personnages iconique et une réelle proposition de lecture qui ne soit pas qu’un concept marketing. Mais avec Tom Taylor, cela n’a plus rien de surprenant.