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Wonder Woman Historia

couverture de l'album Wonder Woman Historia

Éditeur : Urban Comics

Scénario : Kelly Sue DeconnickDessin : Phil JimenezTraducteur : Sarah Dali

Collection : DC Black Label

Genres : Comics

Prix : 24.00€

  • ZOO
    note Zoo5.0

    Scénario

    5.0

    Dessin

    5.0
  • note lecteurs4.5
    2 notes pour 1 critique

Le synopsis du comics Wonder Woman Historia

Il y a des millénaires, la reine Héra et les déesses du panthéon olympien se sont montrées très insatisfaites de leurs homologues masculins. Loin de leur regard, elles mirent un plan à exécution : une nouvelle société était, une société jamais vue sur Terre, capable de choses merveilleuses et terribles : les Amazones. Mais leur existence ne pouvait rester secrète éternellement, si bien que lorsqu'une femme désespérée du nom d'Hippolyte croisa leur chemin, une guerre totale entre le ciel et la Terre débuta, et sans que personne ne puisse l'imaginer, allait mener à la naissance de la plus grande gardienne de la Terre ! Contenu vo : Wonder Woman Historia #1-3


La critique ZOO sur l'album Wonder Woman Historia

Bien avant que Diana ne soit modelée dans la glaise et animée par le pouvoir des principales déesses de l’Olympe, il y eut les Amazones et leur histoire où se mélangent drames, affrontements et gloire… Le mythe réinterprété à la sauce DC Comics.

Les origines

Introduites pour la première fois dans les pages de l’Iliade, les Amazones ont depuis intrigué de nombreux auteurs qui, s’inspirant probablement d’un mystérieux peuple évoluant dans des terres qui correspondent à l’actuelle Ukraine ou bien dans le nord de l’Asie Mineure, où se serait trouvée d’ailleurs la grande cité de Thémiscyra, centre de « l’Empire des Amazones » qui s’étendait jusqu’en Thrace et jusqu’en Phrygie. C’était un peuple de femmes guerrières (on les dit filles d’Arès et d’une nymphe) où les règles en vigueur dans le monde « civilisé » des hommes, étaient chez elles complètement inversées. Les hommes s’occupaient des tâches domestiques, tandis que les femmes s’entraînaient et guerroyaient.
Bien évidemment, elles représentent par nature la résistance à l’ordre patriarcal, et même si, au cours des récits mythologiques, elles ont dû subir de nombreux drames, voyant leurs reines successives se faire tuer, enlever, violer ou simplement humilier sans réserve par les héros, elles restent le symbole extrêmement fort d’un pouvoir féminin puissant qui s’érige fièrement contre la violence masculine.

Version comics, Hippolyte et Diana

Remaniée de nombreuses fois par les différents auteurs maison, il est compliqué aujourd’hui de retracer les origines du peuple de Wonder Woman, dans sa version comics. Partant de ce constat, Kelly Sue DeConnick entreprend de réviser un peu tout ça, s’inspirant principalement des bases établies par George Perez et Greg Potter en 87.
Afin d’exacerber cette symbolique féministe, les Amazones deviennent alors les réincarnations  de toutes les femmes mortes de la main de l’homme, victimes oubliées des Dieux et de l’histoire, perdues à jamais dans le puits des âmes, incapables de pouvoir trouver la paix. Sept déesses, Hestia, Artémis, Déméter, Hécate, Aphrodite, Athéna et Héra, décident de se présenter devant Zeus et ses collègues olympiens, afin de demander justice envers cette race d’hommes qui bafouent impunément les femmes, battant à mort, violant, massacrant sous le vague et ignoble prétexte d’une suprématie masculine « légitime ». Bien évidemment, le message n’intéresse pas le dieu des Dieux qui refuse, ce qui provoque les moqueries des autres.
Pour contourner cette décision, elles entreprennent alors de créer une nouvelle race d’immortelles, les Amazones, divisée en six tribus inspirées par les divinités tutélaires, Hera préférant rester en retrait. Ces femmes guerrières sont donc immortelles, elles vivent en marge des hommes et de leur violence, et ont comme mission de libérer celles qui souffrent, sans concession, ni pitié.
On a donc là la base, des tribus très différentes, sans reine bien définie, mais œuvrant pour une même cause. C’est alors qu’entre en jeu une jeune femme, Hippolyte, marquée par le remord d’avoir dû abandonner une petite fille au courant d’un fleuve. Elle rencontre une troupe d’Amazones, elle est séduite par l’esprit de corps qui s’en échappe, cette volonté de ne pas entrer dans le moule machiste qui amène des vendeurs d’esclaves à vendre toutes celles qui leur tombent entre les mains. Elle intègre rapidement cette compagnie et réussit progressivement à se faire respecter, jusqu’au moment ou elle est désignée comme reine de cet étrange peuple.
Mais quelques temps plus tard, alors qu’elle ne parvient pas une nouvelle fois à sauver la vie d’une jeune fille, elle s’apprête à mettre fin à ses jours, rongée par la culpabilité. Elle modèle la forme d’une enfant dans le sable mouillé de la plage, avant d’aller se noyer. Mais les déesses interviennent, donnent vie à l’enfant inanimée, la dote chacune d’une capacité extraordinaire, lui promettant ainsi un avenir lumineux. Les pleurs du bébé ramènent Hippolyte à la raison. Elle découvre la fillette et la nomme Diana…

Wonder Woman Historia

Place à la voix qui porte

Dès sa première apparition, Diana, qui va bien évidemment devenir, plus tard, Wonder Woman, représente le mystère Amazone qui fascine les lecteurs et les chercheurs depuis des siècles, cette volonté de s’ériger comme l’égale de ses camarades masculins, ce mélange entre charme, force et intelligence.
Kelly Sue DeConnick repose donc les sources de la légende, la raison profonde et l’essence de ces femmes qui un jour ont refusé l’emprise masculine qui les soumettait comme de vulgaires objets que l’on troque sans état d’âme. Il est bien question de remettre en avant une conscience de femme émancipée et libre de ses actes et de ses pensées. Le scénario insiste beaucoup sur la place de la femme dans notre société et tout ce qui lui est infligé, ce qui donne un ton extrêmement partisan, très revendicateur à l’ensemble, bien que complètement légitime. On ne peut qu’y voir une résonance très marquée aux récents débats féministes qui ont retenti deci delà. Un engagement sans ambigüité, transparent du début à la fin.
Si les Olympiens ne prennent pas cette histoire au sérieux, ou alors jugent-ils qu’elle remet dangereusement en question leur autorité et leur statut dominant, on ne peut qu’être touchés et émus par ces Déesses qui se regroupent face à Zeus. On comprend la profondeur de cette douleur qu’elles mettent en avant, le souvenir de toutes ces victimes et cette colère devant le mépris de leurs homologues masculins qu’ils affichent sans retenue. Ce peuple qui évolue à partir d’une étincelle, né de la douleur d’innombrables âmes meurtries, c’est l’espoir d’une alternative, peut-être  douloureuse, mais aujourd’hui essentielle.
Mais ce qui est aussi intéressant c’est de voir combien la présence d’Hippolyte va faire évoluer l’idée primordiale qui a amené à la création des Amazones. Elles restent certes des guerrières, mais dorénavant, il est aussi question de construire un peuple, de lui donner un foyer, une famille et progressivement glisser vers une conception plus ouverte, porteuse d’espoir.

Wonder Woman Historia

Trois crayons

C’est vrai, parfois, les textes peuvent paraître ampoulés, la scénariste appuie assez lourdement sa démonstration et n’hésite pas à répéter ses idées au fil du volume. Néanmoins, l’ensemble est réellement transcendé par la partie graphique. Un trio d’artistes particulièrement inspiré, malgré les styles aux antipodes les uns des autres.
En contre partie, Phil Jimenez propose une prestation assez complexe à lire, car l’artiste charge beaucoup ses planches que les couleurs du trio Hi-Fi, Prianto et Fajardo Jr rendent parfois presque illisibles. Dans une veine bien plus accessible, Gene Ha et Nicola Scott livrent par contre des planches absolument magnifiques, très fluides et d’une très grande maîtrise.

Se présentant comme une sorte d’Origin Issue de haute volée, Wonder Woman Historia – Les Amazones replace le propos féminin au centre d’un univers très marqué par la puissance de ses héros masculins.
Une réflexion on ne peut plus d’actualité qui incarne à la perfection cette volonté d’un univers plus engagé, moins lisse.
Recommandé.

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Commentaire et critiques (1)

note de la critique de DARKNIC

5.0

Découvrez l'histoire des Amazones comme vous ne l'avez jamais vu.
Kelly Sue DeConnick nous propose une véritable immersion dans la Mythologie grecque avec une réécriture poignante.

A travers cette origin story sur les Amazones et Wonder Woman l'autrice va aborder la question de la place de la femme dans cet univers où le machisme dirige. Pas à pas nous allons suivre l'évolution de leur lutte qui va vite tourner au pugilat avec des dieux prêts à tout pour tanner cette révolution.

J'ai pris un plaisir fou à lire ces trois chapitres qui sont d'une richesse et d'un intérêt incroyable.

Graphiquement c'est de la bombe ! Les planches sont toutes plus belles les unes que les autres. Maintes fois je me suis arrêté dans ma lecture pour apprécier le trait fourmillant de détails et les couleurs éclatantes.

En bref voilà mon coup de cœur de l'été. Ce récit Mythologique est une claque tant visuelle que scénaristique que je ne peux que vous conseiller de découvrir !!

Le 23/09/2023 à 12h39