Boule et Bill - T44 : Te fais pas d'Bill !

Nouvelle salve de scénettes à destination des jeunes enfants, mettant en avant la complicité d’un garçonnet et de son cocker, dans un pavillon de banlieue tranquille. Une idée de cadeau pour ses petits-enfants ou neveux à Noël !

Boule et Bill est une de ces séries patrimoniales belges qui ont survécu à leur créateur sans que cela fasse de remous. Il faut dire que Roba avait choisi de passer le relais et Laurent Verron, qui avait été son assistant pendant cinq ans, fut adoubé par le Maître quelques années avant son décès. Puis Verron passa la main au bout de huit tomes à Jean Bastide qui très vite atteignit également l'excellence graphique, bien qu'il vienne initialement du dessin réaliste (un cycle de Sambre, avec Vincent Mézil, cornaqués par Yslaire). Parallèlement, plusieurs scénaristes se sont succédés ou ont œuvré de concert sur Boule et Bill.

Bastide est toujours au dessin (c’est son huitième album sur la série) et c'est Christophe Cazenove, scénariste prolifique notamment chez l’éditeur Bamboo (Les Sisters…), qui reste aux manettes pour l’écriture des gags. Cet album est concentré sur le petit monde clos et rassurant du pavillon de banlieue familial et de son jardin. Seuls deux gags sont situés en dehors : un se passe dans la rue et un dans un terrain vague. Dans ces deux cas, le décor est neutre, juste posé en fond. Boule et Bill, série intemporelle. Ou inscrite dans le passé ?

Boule & Bill - Tome 44, Te fais pas d'Bill !
© Jean Roba, Christophe Cazenove, Jean Bastide - Dargaud

On ne peut pas accuser les auteurs d'oublier le monde d'aujourd'hui et toutes ses névroses. D'abord parce que la série s'adresse aux jeunes enfants plus qu'à des sexagénaires nostalgiques qui seraient en quête d'un message social en filigrane pour légitimer leur lecture coupable. Ensuite, ces bulles (in)temporelles peuvent faire du bien, l’occasion de souffler un peu dans cette société anxiogène.

On peut toutefois regretter parfois au fil des pages qu'il manque cette part de poésie que savait insuffler Roba, au-delà du gag. Il distillait également une part de sa vie. Nous ne demandons bien sûr pas à Cazenove de prendre un cocker et nous nous contentons des sourires qui égrènent, çà et là, notre lecture.