Dad est un petit chef d’œuvre d’humour et de tendresse qui ne faiblit pas au fil des albums. Déjà le tome 10 : Dad part en renfort chez ses parents, laissant ses filles se débrouiller sans lui… ou gérant à distance les problèmes. Un régal !
Comme souvent dans les albums de Dad, plusieurs fils conducteurs s’entrecroisent, donnant une colonne vertébrale tout en permettant la variété des situations : Panda a une colocataire étudiante en psycho qui allonge Dad sur le canapé dans des séquences de psychanalyse faisant penser à La guérison des Dalton ; Bébérénice est en pleine affirmation de soi (« Non ! ») ; Panda fait imprésario pour Dad mais lui met la barre plus haute que les ambitions habituelles de cet acteur sans contrat ; et surtout, Dad doit laisser seules ses quatre filles pour aller s’occuper de son père, déprimé et peu autonome, pendant que sa mère se fait opérer. Ce dernier thème occupe plus de la moitié de l’album, apportant un nouveau souffle à la série, qui pourtant n’en manque pas.
Dad - Multi Daddy, Tome 10
© Dupuis, 2023
Dad est à la fois une bande dessinée intemporelle sur les relations parent-enfant et très actuelle avec l’omniprésence des smartphones, des tutoriaux, des repas qu’on se fait livrer… et un client d’œil au discours formaté sur le « patriarcat condescendant » du « vieux mâle blanc ». Sans jamais en faire trop, Nob campe des situations humoristiques à la fois drôles et vraies. On sent l’humanité des personnages, tous touchants. L’auteur montre même une remarquable économie de moyens page 33, avec un plan fixe de 8 cases sur Bébérénice qui attend désespérément le retour de Dad, suscitant l’émotion dans une dernière case entre Sempé et Charles Schulz.
Le dessin est toujours parfait de justesse et de drôlerie, avec un style bien reconnaissable. La gamme chromatique (par Nob aidé de Laurence) contribue vraiment à l’identité visuelle de la série. Les quatre filles de Dad (nées de mères différentes, rappelons-le) ont toutes un physique qui leur est propre et leurs expressions font souvent sourire. Mention spéciale à Bébérénice, dont le rôle est ici particulièrement important.
Un album à lire, à relire, à offrir, à racheter et à rerelire.
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