On le croyait rangé, le Bouncer. Il avait mis au coffre l’or récupéré dans le tome précédent L’Échine du dragon. Mais il fallait le préserver des convoitises. Et résultat, ce sera une Hécatombe, titre du tome 12, 140 pages qui clôture le cycle. François Boucq veut renvoyer le Bouncer sur la piste de Santa Fe. Fini Barro City et l’Infierno, mais pour cela il fallait faire un nettoyage par le vide.
Quand on évoque Hécatombe avec François Boucq qui a signé le scénario dans sa quasi-totalité et qu’on lui dit que c’est un polar western, il confirme : « C’est un peu ça. Ce qui m’intéressait était de manipuler l’esprit du lecteur. Le balader à la fois avec une intrigue relativement simple au départ, des types qui veulent voler l’or. Au fur et à mesure, on s’aperçoit que c’est une manipulation. » Tout irait donc pour le mieux dans la ville. L’or est au coffre et le maire qui veut le protéger a fait venir l’armée, une patrouille dirigée par le colonel Carter. Un violent qui a un œil en or et héros de la guerre de Sécession. Il va commencer par balayer les autorités légales et le Bouncer au début se laisse abuser. Le tout sous des trombes d’eau.
En prime un nouveau bar a ouvert à Barro City, le Pink Lady. Dans la foulée, la diligence amène un prestidigitateur et son assistante. Un thriller machiavélique donc plus polaire, mais western parce que les Colt aboient. Tout est désormais en place : « Le lecteur ne devait jamais savoir où il en était. Sauf à la fin où il comprendra. Tout le travail dans un scénario pareil était de rester le plus original possible sur les thèmes. Je me suis fait aider par un ami prestidigitateur qui m’a dit d’utiliser telle ou telle technique de magie. Je me suis rendu compte que c’était plausible. C’est toujours bien en BD d’avoir une base solide. »
Bouncer , T. 12, Hécatombe © Glénat, 2023
Je voulais me libérer
On va aller de surprises en rebondissements avec un Boucq dont le dessin est d’une rare ampleur réaliste, pertinent et percutant. Sans rentrer dans les détails, le titre anticipe et surprendra, la mort fauche autour du Bouncer. Pourquoi ? « Pour me libérer. Un personnage comme le Bouncer ne pouvait rester emprisonné dans sa vie, que ce soit par sa fonction, son entourage, sa ville. Donc il pouvait peut-être couper ses entraves. Ce n’est pas lui qui le désirait, mais moi pour lui. Il fallait tailler dans le vif, pour prendre un nouvel essor. Il n’y avait pas d’autre moyen. »
C’est la fin d’un cycle, ce tome 12. Boucq confirme : « Il a commencé avec le 8, la petite fille tatouée, mais on ne savait rien de la carte sur son crâne. Pour une fois, le héros trouvait un trésor et le gardait. Donc cinq albums pour une histoire complète » et un scénario très travaillé sur lequel Boucq est revenu plusieurs fois. Bouncer a son avenir devant lui. Seul ? Une hécatombe qui n’a pas laissé Boucq indifférent : « C’est pénible d’autant qu’il y a un phénomène que j’éprouve très étrange. L’association entre ce que je dessine et ce qui se passe dans ma vie. »
Après ce Bouncer qui fera date il y aura un nouveau Little Tulip sur lequel Boucq travaille et le retour du Petit Pape 3,14 qui fait des circonférences épiscopales. Mais la Terre devient cubique à cause de la prolifération des racines carrées de pissenlits. Ça promet.
Article publié dans le Mag ZOO N°95 Novembre-Décembre 2023
0 0