Les âmes fendues

Xavier Bétaucourt et Jean-Luc Loyer nous embarquent pour une plongée au sein d’un hôpital psychiatrique. C’est sensible et passion­nant, mais glaçant.

L’immersion dans le quotidien du Centre hospitalier Camille Claudel (situé à proximité d’Angoulême) débute par des précisions historiques, puis se poursuit avec une visite des lieux, des discussions avec les soignants ou les patients… Par les situations et propos rapportés, de manière directe ou en creux, est brossé le portrait de l’état désastreux de la psychiatrie en France, le plus terrifiant résidant probablement dans les témoignages des soignants.

Les âmes fendues © Steinkis, 2024

La force de cet album réside, on s’en doute, dans son sujet, mais également dans ses partis pris narratifs. Le dessin de Jean-Luc Loyer pointe une nouvelle fois qu’un trait semi-réaliste permet d’entretenir une certaine distance avec le réel et – paradoxalement ? – de s’y immerger pleinement. Fréquemment, les cases qui débutent ou concluent les pages sont particulièrement étroites, permettant, telles une ponctuation, de marquer une pause tout en appelant une suite. Cela est simple, judicieux et efficace et il en va ainsi de la plupart des trouvailles narratives de Xavier Bétaucourt. Celles-ci contribuent à la fluidité du récit et à rendre accessibles les problématiques liées à la psychiatrie.

Article publié dans le Mag ZOO N°96 Janvier-Février 2024