Londres, 1918. Tandis que tous les hommes sont sur le front, les femmes occupent leurs postes et jouissent d'une liberté nouvelle qui apporte un peu de lumière à des journées ternies par la guerre. Et ce n'est pas sans déplaire à l'une d'elle, particulièrement : Stella Benson, écrivaine et amie de Virginia Woolf - sans connaître son succès-, chérit son indépendance, son célibat et une vie sans homme. Mais en temps de guerre, l'argent manque, les ventres sont vides et les nouvelles des combats, peu réjouissantes. Alors, pour oublier l'atmosphère pesante d'un avenir incertain, Stella écrit et imagine la vie de Sarah Brown, une secrétaire de l'administration anglaise de son âge, au quotidien morose jusqu'au jour où elle rencontre Miss Watkins... qui n'est rien de moins qu'une sorcière, volant la nuit sur son balai pour empêcher les bombes de s'abattre sur Londres !

La Sorcière de Londres
Le synopsis de l'album La Sorcière de Londres
Sororité magique
Nina Six signe une très belle chronique sociale et politique au centre de laquelle prend place une sororité dynamique et lumineuse.
Mai 1918, Londres. Stella Benson écrit poèmes et romans. Si son petit chien David est l'un de ses sujets de prédilection, elle développe une histoire dans laquelle Sarah Brown, employée de bureau, emménage dans l'auberge Living Alone tenue par la mystérieuse et excentrique Watkins. Et si cette dernière était une sorcière ?

Extrait de la bande dessinée Sorcière de Londres de Nina Six, chronique sociale et poétique publiée chez Sarbacane © Sarbacane
Douceur et beauté d'un monde
Nina Six élabore un univers subtil, luxuriant et enchanteur. Elle parle avec délicatesse et tendresse de choses graves, voire dures. Si le sujet principal est certainement l'existence d'une femme libre et indépendante qui souhaite le rester, il est question de vie en temps de guerre, de déclassement social, du corps féminin, d'exercice d'un art et de travail alimentaire, d'activités intellectuelles et manuelles, de réel et d'imaginaire, de désirs, d'exil et d'une sororité riche et variée.
L'une des grandes forces de cette enthousiasmante bande dessinée est son utilisation de la mise en abyme : la vie de Stella Benson alterne avec celle de Sarah Brown. Quant au trait, vif et faussement naïf, il est porté par des couleurs pastel qui contribuent pleinement à la dimension poétique du récit.
Article publié dans le mag ZOO n°105 Juillet-Aout 2025
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