Lettres d’amour trouvées dans une poubelle

Rosie et Armand, amants dans les années 1950, s’écrivaient des lettres enflammées. Surtout lui. En 2000, leur courrier est retrouvé dans une vieille valise, dans une poubelle de Marseille qui va livrer une partie de leur relation à Christine Vallat et Nicolas Will. De cette correspondance amoureuse, ils ont fait une lecture publique présentée en Off au Festival d’Avignon en 2010. Avec l’engagement de l’éditeur Michel Jans, à la tête de Mosquito, il ne manquait qu’un dessinateur de renom pour nous faire croquer à pleines dents dans cette histoire d’amour. Emmanuel Lepage a sublimé ce projet par son dessin empreint de sensualité, comme ces lettres d’amour.

Ils se rencontrent à Alger en 1952. Armand est radio-navigant chez Air France, Rosie l’aime de tout son cœur. En 1954, ils quittent l’Algerie pour Brazzaville, au Congo. Ils y restent deux ans avant de revenir s’installer en banlieue parisienne, à Antony. Un jour de l’an 2000, Christine Vallat et Nicolas Will découvrent une valise près d’une poubelle, dans une rue de Marseille. À l’intérieur repose les échanges épistolaires, enflammés par et érotiques du couple. Armand, dont les lettres composent la majorité de ce livre, ne cache pas son amour sans limite pour sa compagne et la satisfaction qu’il éprouve à son contact physique. Les lettres de Rosie sont plus froides, parfois teintées des problèmes de la vie quotidienne qu’elle gère seule pendant que Monsieur s’envoie en l’air pour son métier.

Extrait de "Lettres d'amour retrouvées dans une poubelle" © Éditions Mosquito

Christine Vallat et Nicolas Will ont assemblé et reconstruit cette épisode de la vie d’un couple dont on ne saura rien sur l’avant et l’après 1951-1958. Ce travail a d’abord fait l’objet d’une lecture publique au festival Off d’Avignon en 2010. Le temps que le dessinateur Emmanuel Lepage, ami de l’éditeur Michel Hans et attaché à sa maison d’édition Mosquito, ne trouve le temps d’illustrer ce projet parmi ses nombreux travaux. C’est chose faite, et très bien faite.

On sent, comme nous le dit Emmanuel Lepage, qu’il s’est laissé séduire « par la sensualité de ces échanges épistolaires et laissé possibilité de dessiner des avions mythiques de l’époque ». Dans son dessin à la fois romantique et emprunt de nostalgie, c’est tout le charme authentique et désuet des années 1950 qui crève les nuages pour éclater au grand jour. Un très beau livre pour rendre immortelle et universelle une histoire d’amour somme tout assez banale.